mercredi 30 janvier 2013

Manoeuvre à simple action : 2.2 analyse.

L'arbitre fait une pause dans le déroulement de la manoeuvre pour expliquer les erreurs commises :
DÉVELOPPEMENT DE LA MANOEUVRE
SUITE DE LA PREMIÈRE PARTIE – OPÉRATIONS DE LA CAVALERIE


Directeur. Examinons la façon dont la cavalerie a compris son rôle, et la conduite qu'elle a tenue, en face des situations qui viennent de se présenter.

Rien à dire des dispositions initiales fixées par l'ordre d'opérations, sauf que le commandant de la cavalerie ne s'est pas suffisamment préoccupé de la liaison avec l'armée, que la brigade mixte a mission de couvrir. II était très important pour vous d'être fixé le plus tôt possible sur la situation de la droite de cette armée. Il convenait donc de détacher, de grand matin, une reconnaissance d'officier vers la côte de Delme, avec mission de vous faire connaître si le terrain, entre cette hauteur et la Seille, était occupé par des détachements de l'armée, où étaient ces détachements, en quelle force, quels rôles ils avaient ? Cette reconnaissance, après vous avoir ainsi défini l'objet à couvrir, vous aurait renseigné d'une façon constante, et directement, sur la situation de cette droite amie, pour le compte de laquelle vous deviez travailler. Vous aviez, il est vrai, un escadron à votre gauche, dont la mission était d'assurer la liaison dont il s'agit, en contournant les bois de Mailly par le sud: mais, vous l'avez détaché trop tard; de plus, en affectant à ce rôle un escadron, vous affaiblissiez d'autant votre gros, sans nécessité encore constatée, et vous retardiez la prise du renseignement, car un escadron se meut moins vite qu'une reconnaissance d'officier.

Votre escadron d'avant-garde a opéré comme s'il était sûr de ne trouver devant lui qu'une cavalerie inférieure, ou égale, et décidée à ne combattre qu'à pied. Il est visible qu'au moment où le commandant de cet escadron apprend que des cavaliers ennemis débouchent de Nomeny, il doit se demander s'il n'aura pas devant lui, dans quelques minutes, une cavalerie supérieure. Il faut qu'il se prépare immédiatement à utiliser le terrain au mieux, dans cette prévision ; qu'il puisse, le cas échéant, gagner un temps suffisant pour être soutenu par le gros, tout en gardant le contact, pour savoir ce qui peut déboucher de Nomeny. Conclusion : trois ou quatre patrouilles de combat dirigées vers la cavalerie signalée, et vers les débouchés de Nomeny le gros de l'escadron se jetant immédiatement à l'est de la route, et gagnant le haut du terrain, vers la cote 235. C'est de là que vous auriez attaqué ensuite, s'il y avait lieu, dans la direction de Nomeny, pour rejeter sur cette localité les fractions qui en avaient débouché. L'escadron d'avant-garde y trouvait immédiatement l'appui de l'escadron dirigé sur Mailly, qui marchait à sa hauteur, et qui n'avait, pour l'instant, rien de mieux à faire que de le soutenir.

Au cas où plusieurs escadrons ennemis auraient débouché de Nomeny, derrière les fractions signalées, le mieux que vous aviez à faire était, si vous le pouviez, de vous jeter dans Mailly, dont la possession avait un intérêt de premier ordre, étant donnée la mission qui incombait à votre détachement. En cas d'impossibilité, vous vous repliiez en remontant la croupe 235.

Je passe à la manœuvre du gros de votre cavalerie : 

Vous avez engagé ce gros dans une opération où il s'est disloqué, n'étant à aucun moment en situation de combattre avec avantage contre la cavalerie adverse. Vos escadrons ont été dispersés sur un grand front, votre batterie d'artillerie scindée; vous n'avez visé aucune action d'ensemble.

Je ne vois pas pourquoi vous vous êtes obstiné à attaquer Rouves : la possession de cette localité était pour le moment sans grand intérêt, puisque vous étiez maître du mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny, c'est-à-dire en mesure de contester le débouché.

Voici comment j'aurais compris votre opération : installer votre batterie sur une position à vues étendues, 800 mètres ouest du clocher de Mailly, par exemple ; jeter des fusils là où il fallait, pour gêner l'ennemi, l'obliger à se déployer, à manœuvrer, à perdre du temps ; mais rester toujours en état de vous mesurer avec une cavalerie combattant à cheval, c'est-à-dire maintenir la plus grande partie de vos escadrons groupés, et chercher à vous ménager, en cas de rencontre, l'avantage du terrain. Que si, à un certain moment, il fût devenu certain qu'aucune cavalerie ennemie n'était plus à craindre, alors vous eussiez pu agir un peu autrement, et disloquer votre réserve à cheval mais ce cas ne s'est pas présenté.

Entrons dans le détail.

Dès que vous ont été signalés des cavaliers ennemis sortant de Nomeny, vous auriez, à mon avis, bien opéré, en portant votre batterie à 235, sous la protection de l'escadron d'avant-garde, et en massant votre gros au sud de Ressaincourt. Lorsque vous auriez eu toutes vos forces en mains, vous auriez attaqué pour reconnaître un escadron sur Mailly, un autre droit sur Nomeny. Celui de droite est arrêté par le feu du mamelon ? Il cherchera à progresser en combattant à pied. A gauche, au contraire, votre escadron atteint Mailly sans rencontrer l'ennemi : marquez votre place dans le village, et visez de là l'attaque du mamelon nord de Nomeny, afin toujours de reconnaître. A cette attaque mettez ce qu'il faut, mais restez toujours en état d'intervenir à cheval contre la cavalerie ennemie, si celle-ci se montre; ne cessez pas d'avoir vos escadrons sous la main, et opérez constamment de façon à vous ménager l'appui efficace de votre artillerie. Toutes ces conditions m'eussent paru remplies en prescrivant à un escadron de s'avancer de Mailly vers le mamelon, et en appelant votre gros près et à l'ouest de Mailly.

Lorsque, plus tard, il a été avéré que vous aviez affaire à des forces supérieures, il n'aurait pas fallu abandonner, sans combattre, 3 kilomètres de terrain, en vous repliant d'un bond, des abords immédiats de Nomeny, jusqu'à Raucourt et Ressaincourt. Il eût convenu de faire retraiter vos fractions de crête en crête, en vous multipliant par la mobilité propre à l'arme à cheval vous auriez ainsi imposé un certain ralentissement aux mouvements de l'ennemi. De plus, si votre batterie s'était trouvée à 235, elle aurait été, presque jusqu'au dernier moment, en état de gêner par son feu les progrès de l'ennemi, sans que sa propre retraite fût compromise. Votre batterie s'est au contraire scindée ; elle s'est de plus engagée, dès le début, trop en avant, et il ne vous a plus été possible de tirer un coup de canon, à partir du moment où l'ennemi a débouché du mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny. Dans la réalité, la retraite de vos pièces ne se serait pas opérée même sans difficulté.

Enfin, vous n'avez attaché que trop peu d'importance à la possession du village de Mailly, fort utile pourtant pour assurer votre liaison avec l'aile droite de l'armée du nord. Sans doute, il était nécessaire d'occuper Raucourt, que vous aviez à tenir jusqu'à l'arrivée de votre avant-garde. Deux escadrons y suffisaient provisoirement. Avec les deux escadrons restants, il fallait vous proposer de manœuvrer de façon à appuyer la défense, soit de Mailly, soit de Raucourt, suivant que l'une ou l'autre de ces deux localités aurait été plus menacée par l'attaque.

 A suivre : retour à la manoeuvre avec le gros du détachement.

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