lundi 28 janvier 2013

Manoeuvre à simple action : 2.1 opérations de la cavalerie.

 
Passons maintenant au vif du sujet, pour voir comment se déroulait concrètement une manoeuvre à simple action  :  

DÉVELOPPEMENT DE LA MANOEUVRE

PREMIÈRE PARTIE – OPÉRATIONS DE LA CAVALERIE


Directeur. Quelle est la situation de votre cavalerie à 6h30 ?
Commandant de la cavalerie. Le gros (3 escadrons et 1 batterie) sort de Saint-Jure. L'avant-garde (1 escadron) traverse Raucourt. Un escadron, qui va chercher la liaison avec la droite de l'armée, entre à Ressaincourt, pour se porter de là sur Mailly et Thézey-Saint-Martin. Un peloton, flanqueur de droite, est à 2 kilomètres nord d'Éply. Une reconnaissance d'officier (1 officier,1 sous-officier, 6 cavaliers), précédant le gros sur l'axe Nomeny, Leyr, va atteindre Nomeny.
D. En abordant Nomeny, la reconnaissance d'officier est accueillie par des coups de fusil que fait-elle ?
Ct de la cavalerie. Elle laisse le sous-officier et deux cavaliers en observation, envoie un cavalier avertir le commandant du gros de la cavalerie de la présence de l'ennemi à Nomeny, et cherche à poursuivre sa mission dans la direction de Leyr, en passant par Abaucourt.
D. Votre reconnaissance peut passer la Seille à Abaucourt. Mais, à 6h40, la patrouille laissée en observation devant Nomeny doit se retirer devant des fractions de cavalerie, qu'elle apprécie à la valeur d'un escadron au moins.
Ct de la cavalerie. La patrouille en question va rester au contact. L'escadron d'avant-garde a appris la présence de l'ennemi à Nomeny, au moment où il sortait de Raucourt il continue à s'avancer sur Nomeny, en procédant par bonds, de crête en crête, précédé par un peloton en fourrageurs.
D. -Arrivé à la crête jalonnée par le chemin de terre Rouves, Mailly, le peloton d'avant-garde de votre escadron est en butte à des coups de fusil venant du mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny. Que fait l'escadron ?
Ct de la cavalerie. Deux pelotons mettent pied à terre, pour prendre sous leur feu les fractions ennemies qui se montreraient sur la crête en face d'eux, ou chercheraient à en déboucher. Des patrouilles de combat sont poussées vers Nomeny, par la droite et par la gauche du mamelon d'où partent des coups de fusil.
D. Il est environ 6h5o. Où est, de sa personne, le commandant de la cavalerie et que fait-il ?
Ct de la cavalerie. Entendant la fusillade au moment où il sortait de Raucourt, il a franchi la coupure du ruisseau de Pompey, et s'est porté à la crête puis, voyant son escadron d'avant-garde arrêté, il a galopé à lui, en donnant ordre aux escadrons du gros de déboîté de la route et de se masser à l'abri de la crête, à l'est de la cote 212, et à l'artillerie de se mettre en batterie sur cette crête.
D. Arrivé auprès de votre escadron d'avant-garde, vous constatez son impuissance à gagner du terrain vers Nomeny. D'autre part, votre peloton flanqueur de droite est, lui aussi, accueilli à coups de fusil en abordant Rouves. Quant à l'escadron opérant sur votre gauche, il a atteint Mailly sans rencontrer l'ennemi. Quelle résolution prenez-vous ?
Ct de la cavalerie. J'attaque avec toutes mes forces disponibles, dans le but de reconnaître l'ennemi, et de l'obliger, si possible, à repasser la Seille. Si je ne puis m'établir sur cette rivière, et m'y maintenir jusqu'à l'arrivée de l'infanterie, je chercherai à occuper et à tenir, devant l'adversaire, des points d'appui à la façon d'une avant-garde; s'il pousse de l'avant, je manœuvrerai pour exercer sur lui une action retardatrice.
D. Comment attaquez-vous ?
Ct de la cavalerie. Deux escadrons et demi sont appelés dans la dépression qui est au nord du chemin de terre Rouves, Mailly; gagnant de là les pentes ouest du ravin qui descend de Mailly vers Nomeny, ils se portent à l'attaque des forces qui tiennent le mamelon 1 kilomètre nord de cette dernière localité, en abordant ce mamelon par l'est. En même temps, l'escadron d'avant-garde se porte en avant dans la direction nord-sud, et la batterie, escortée par un peloton, vient s'établir à l'est de la grande route, à hauteur du chemin de terre Rouves, Mailly, pour appuyer l'attaque.
L'escadron que j'avais détaché à gauche, a entendu, en arrivant à Mailly, une fusillade nourrie vers Nomeny le capitaine qui le commande a alors fait marquer l'occupation de Mailly par un peloton pied à terre; puis, laissant filer seulement sur Thézey-Saint-Martin une reconnaissance d'officier pour chercher la liaison avec l'armée, il s'est dirigé vers Nomeny. Je suppose qu'il a pu intervenir dans l'action de cavalerie qui se déroule au nord de ce point.
Quant au peloton flanqueur de droite, après avoir tâté Rouves, il s'est porté en observation des ponts, de Port-sur-Seille à Clémery.
D. Votre attaque a obligé l'ennemi a évacué le mamelon au nord de Nomeny; mais, au moment où vous atteignez la crête de ce mamelon, vous êtes accueilli par des feux partant de la lisière nord de Nomeny, des fossés de la route Nomeny, Rouves, et du village de Rouves. Le mamelon conquis était tenu par la valeur d'un escadron pied à terre. Vous avez vu, en outre, deux escadrons environ se replier par la coulée au sud, et disparaître. Vous apercevez des fractions d'infanterie sur les lisières et aux abords de Nomeny. Il est 7h15. Des coups de canon partent du plateau de la ferme Laborde et tombent devant vous, sur les pentes sud du mamelon.
Ct de la cavalerie. Mon rôle de reconnaissance sur Nomeny est terminé. Impossible de pousser de l'avant. Mais l'ennemi n'a pas les débouchés du pont de Nomeny. Je vais les lui disputer : cela le retardera d'autant. En outre, je déploierai la plus grande activité offensive, dans la limite de mes moyens, afin de l'inviter à la circonspection.
A cet effet un escadron pied à terre tiendra le mamelon conquis un escadron cherchera à s'établir à Rouves.
La batterie se scindera en deux;
Une section restant sur l'emplacement occupé présentement, pour appuyer l'attaque de Rouves, ou recueillir les défenseurs du mamelon;
Une section ira au château de Mailly, pour tenir sous son feu le pont de Nomeny et le terrain à l'est de la grande route;
Un peloton auprès de chaque section d'artillerie;
Deux escadrons à ma disposition, à 1200 mètres nord-est de Rouves.

D. L'escadron envoyé sur Rouves ne peut y pénétrer.
Ct de la cavalerie. II attaque la lisière est de la localité, trois pelotons combattant à pied. L'artillerie l'appuie de son feu.
D. Cette attaque est immobilisée à 4oo mètres de la lisière.
Ct de la cavalerie. Je la renforce en envoyant un de mes escadrons disponibles attaquer Rouves par le nord.
D. Rouves tombe entre vos mains à 7h45. Vous voyez une cinquantaine de cyclistes en sortir, dans la direction de Nomeny. Mais, au même instant, de l'artillerie ennemie apparaît sur la hauteur du château de Nomeny, et commence à tirer sur les défenseurs du mamelon ; puis, de l'infanterie assez nombreuse, dont vous évaluez la force à un bataillon, débouche des lisières nord de Nomeny, et se porte à l'attaque de ce mamelon.
Vous recevez en même temps de Mailly les deux renseignements suivants :
1° L'extrême droite de l'armée occupe Thézey-Saint-Martin;
2° De la cote 220 (sud-ouest de Mailly), on a aperçu, entre 7h15 et 7h3o, des fractions d'infanterie franchissant successivement le pont de Nomeny, malgré le tir de votre artillerie.
En outre, la reconnaissance d'officier qui a passé par Abaucourt a trouvé, à 7 heures, Létricourt et la lisière nord du bois du Haut-des-Trappes occupés.
Enfin, aucune force ennemie n'a franchi, jusqu'à 7h30, la Seille à Clémery ou à Port-sur-Seille.
Ct de la cavalerie. Je n'attends pas d'être abordé par l'attaque montée contre le mamelon nord de Nomeny. Je me décide à me replier, pour aller exercer de nouveau mon action retardatrice sur une position en arrière. Il résulte de l'examen de la carte que l'occupation du massif forestier, bois de Mailly et de Ressaincourt, permettrait de résister longtemps à un ennemi qui se proposerait de déborder la droite de notre armée. II importera donc d'empêcher le plus longtemps possible l'ennemi d'y pénétrer, puis d'y progresser et d'en déboucher. Pour ce faire, il faudrait d'abord défendre les lisières, et s'opposer aux progrès de l'adversaire vers le terrain libre au nord du massif, par où il pourrait déborder l'obstacle. En défendant la position Raucourt, Ressaincourt, et en occupant les lisières extérieures du bois de Mailly, puis en disputant pied à pied le terrain à l'Intérieur de ce bois, la brigade remplirait donc sa mission.
Or, l'infanterie ne peut atteindre Raucourt qu'à 8h45, Ressaincourt qu'à 9 heures ou 9h15, les lisières du bois de Mailly pas avant 9h3o ou 10 heures. Il faut, par conséquent, qu'en attendant l'avant-garde de la colonne, la cavalerie fasse son possible pour empêcher l'ennemi de prendre pied à Raucourt, Ressaincomt, bois de Mailly.
Nous n'avons pas encore été délogés de Mailly j'y laisse un escadron, qui se repliera par le bois de Mailly sur la route de Secourt.
Au sud de Raucourt, terrain découvert, où il n'y a rien à faire pour des chicanes de cavalerie contres les attaques d'infanterie et d'artillerie de l'ennemi. Aussi, vais-je replier d'un seul coup, sans arrêt intermédiaire, tout ce que j'ai de cavalerie dans région de Rouves, jusqu'aux points d'appui de Raucourt et de Ressaincourt : les deux escadrons qui ont opéré à Rouves, sur Raucourt, les deux autres sur la cote 235 (route de Secourt, la carte indique la cote 135, ce qui est évidemment une erreur) et Ressaincourt. La batterie d'artillerie va se reconstituer au château de Mailly, puis se retirer par 235 sur Ressaincourt, en s'employant suivant les circonstances.

A suivre : les commentaires de l'arbitre sur cette première partie.

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