mardi 28 mai 2013

Solution du 11eme problème.

La Division à reçu l'ordre de couvrir Berlin.

Les colonnes ennemies sont encore séparées, et unitairement moins forte que la Division. Comme chaque colonne avance séparément, la Division ne peut barrer la route de Berlin en occupant le défilé de Tasdorf, et est, d'un autre côté, trop faible pour s'étendre jusqu'à Erkner. Il ne reste donc rien d'autre à faire que d'empêcher la jonction des colonnes ennemies, et, pour cela, de les défaire une à la fois.

Mais cela n'est encore une fois uniquement possible par une frappe offensive. Il semble donc correct d'avancer par le défilé de Tasdorf et de s'opposer aux forces ennemies, qui s'avancent depuis Müncheberg et doivent nécessairement passer par Tasdorf. La Division sera donc, le 2 juin, stationnée près de Herzefelde, et attaquera l'ennemi après son débouché du défilé de Heidekrug. Le défilé de Tasdorf restera occupé, de façon à pouvoir éventuellement retraiter au travers.

vendredi 17 mai 2013

11ème problème. 1860.



Un Corps de l'Est avance par marches rapides par Cüstrin et Frankfurt pour atteindre Berlin avant que des forces conséquentes puissent y être rassemblées pour sa défense.





Une Division de l'Ouest : 13 bataillons, 8 escadrons, 3 batteries, avec pour ordres de couvrir la capitale, se tient entre Vogelsdorf et Tasdorf, le défilé menant à cette dernière ville étant fortifié.

Le Commandant de cette Division entend le 1er juin que Müncheberg et Fürstenwalde  ont reçu l'ordre de fournir le nécessaire pour le bivouac de 10000 hommes, qui arriveront en soirée.

Les reconnaissances, poussées dans toutes les directions, trouvent le Heidekrug et le Hinter-Heide (entre Kl.-Wall sur le Locknitz et Alt-Monchwinkel sur le Spree) fortement occupés par l'ennemi.

Qu'a l'intention de faire le commandant de la Division de l'Ouest le 2 juin ?

mardi 14 mai 2013

10ème problème. 1859.

Comme pour le précédant, la solution de cet exercice est manquante.



Une Division de l'Ouest : 12 bataillons, 12 escadrons, 1 batterie d'artillerie montée et 2 batteries de 6 livres, a poussé jusqu'à Storkow, et se retire aujourd'hui dans la direction de Senzig devant l'avance de l'ennemi, qui possède 15 bataillons, 8 escadrons, et 3 batteries. L'Arrière-Garde fait halte à Bindow; le Commandant de la Division de l'Ouest, au cours de sa marche, reçoit cependant le rapport que l'ennemi le suit avec une forte Avant-Garde, mais dirige son corps principal par Prieros; de plus, ses renforts, qui consistent en 2 bataillons et une batterie de 12 livres, ont occupé la forte position du défilé de Konigs-Wusterhausen.



Le Commandant décide de s'arrêter derrière une position convenable et, si nécessaire, de risquer une bataille pour couvrir la capitale.

Les ponts de Copenick et Schmockwitz sont détruits. Les basses-terres du Fang-Graben (affluant du lac Zeesener dans la Dahme) et du Notte peuvent être traversées seulement par les routes existantes, les autres prairies sont dures.

Quels ordres donnera aujourd'hui le Commandant à son Avant-Garde ? Quel terrain la Division va-t'elle occuper ?
Où bivouaquer ? Où éventuellement se battre ?

lundi 13 mai 2013

9eme problème. 1859.

Note : La solution de cet exercice est manquante.




Une Division d'Infanterie mobile, renforcée par deux régiments de Cavalerie, a été poussé de Werneuchen dans la direction de l'Oder, pour couvrir Berlin.

D'après des sources dignes de foi, il a été entendu ici que l'ennemi a traversé ce fleuve aujourd'hui à Freienwalde et Wrietzen en deux colonnes, de 10000 hommes chaque.




La Division établi son bivouac près de la ferme de Werftpfuhl.
Les avant-postes se tiennent sur une ligne Heidekrug, Tiefensee vers Freudenberg
Des feux de camps ennemis ont été vu derrière Protzel et près de Vw. Torgelow.

De quelle manière le Commandant, dans ces circonstances, pense-t'il être le plus capable de défendre la capitale ?
Dispositions dans ce but.

samedi 11 mai 2013

Livre : 1910 Les grandes manoeuvres de picardie

 De retour de la convention bretonne de wargames de Mesneuf, j'y ai fait l'acquisition d'un ouvrage intéressant :


 Les textes et les très nombreuses photos sont du service des armées de l'époque. Dès la lecture terminée, je vous mets plus d'infos.

mardi 7 mai 2013

Solution du 8eme problème.


A Glatz, à Silberberg, de façon à être capable de s'opposer à temps à un débouché par Braunau aussi bien que par Nachod et Reinerz.

L'idéal serait plus en avant, mais il n'y a pas à ce moment de possibilité de choisir entre les deux directions.

lundi 6 mai 2013

8ème problème. 1858.




Le 6ème Corps d'Armée mobile se concentre dans le voisinage de Schweidnitz.





La 12ème Division d'Infanterie, auquelle est attachée le 6ème Régiment de Hussards, la 1ère batterie de 12 livres et la 1ère batterie de 6 livres du 6ème Régiment d'Artillerie, est envoyée dans la région de Glatz, en vue de couvrir l'armement des forteresses de Glatz, Silberberg et Neisse contre un ennemi qui se concentre en Bohème près de Koniggratz.

Des détachements ennemis près de Rothwasser, Nachod et Braunau nous empèchent d'apprendre ce qui se passe derrière la crête de la Sudeten, toujours impassable à cause de la neige. Mais il est certain que l'ennemi, fort d'à peu prêt 16000 hommes, à l'intention de pénétrer dans la région de Glatz par une, ou éventuellement plusieurs, routes. La route de Braunau à Ober Steine, bien que non gravillonnée, est carrossable pour les chariots.

Comment le Commandant de la 12ème Division compte accomplir la tâche qui lui est imposée ? En conséquence, où placera t'il ses troupes ?

samedi 4 mai 2013

Solution du 7eme problème.



Le terrain entre Drossen et Kunersdof, une fois que ce dernier point est perdu, n'offre nulle part un champ de bataille favorable pour le Corps de l'Est. L'ennemi est supérieur en nombre. Une base proche et large lui permet une grande liberté de mouvements. 

Tous ces désavantages peuvent uniquement être compensés si le Corps se rapproche à nouveau de Posen.
On ne cherchera donc pas la bataille aujourd'hui, mais l'on commencera dès que possible une retraite en bon ordre. 

Mais au préalable la 1ere Division doit nécessairement être ralliée, et si cela ne peut être réalisé, il faut tenter une bataille à cet effet.

L'ennemi à marché 14km avec son infanterie, 21km avec son artillerie et sa cavalerie; il a deux à trois brigades en action; vers midi il n'a toujours pas débouché du bois. Il est donc peu problable qu'il puisse effectuer quelquechose de décisif aujourd'hui. Mais cela reste possible, et l'on doit rester complètement prêt à l'action.

Le Corps de l'Est, dans ces circonstances, a l'avantage non négligeable d'avoir deux divisions intactes regroupées, alors que l'ennemi doit nécessairement avancer dans le bois en colonnes séparées. Si le Corps de l'Est divise lui aussi ses forces, il perd le seul avantage qu'il a.

Le Corps, doit donc resté concentré et prêt pour l'action.
Si l'ennemi avance par beaucoup de routes, il débouchera sur un front d'autant plus étendu; S'il n'utilise que quelques routes, ses colonnes auront d'autant plus de longueur. Dans le premier cas il aura besoin de temps pour se réunir, dans le second pour déployer ses colonnes.
Mais il s'agit juste de gagner du temps.

Si la 1ere Division a rompu l'action au bon moment, elle est capable de retraiter pas la route de Drossen, et la jonction sera effectuée sans difficulté.

Si au contraire, elle est repoussée loin sur Bischofsee, il lui faudra une à deux heures pour effectuer sa jonction avec le corps principal, et il faut lui procurer ce temps. 

A partir ce cela les mesures suivantes sont prises :
L'Avant Garde (3 bataillons, 4 escadrons et 2 batteries) continue à avancer sur la route de Kunersdorf, mais reçoit l'ordre de faire halte au Schweden-Damm et d'occuper le pont à ce point et à Scheibler. Le détachement de la 1ere Division  reste à Sorge. Ces deux formations sont renforcées chacune par une 1/2 batterie d'artillerie montée sous l'escorte de deux escadrons chacune. 
L'objet n'est pas tant de prévenir le débouché de l'ennemi que de le rendre difficile, de le retarder, et de trouver où ce dernier arrive avec sa force principale.

Si le mouvement tournant de l'ennemi doit faire un balayage plus large sur la droite, c'est juste ce que l'on peut désirer.
Tout le reste du Corps, 9 bataillons, 20 escadrons et 6 batteries, restera sur la position de rendez-vous à Kobert.

La 1ere Division, partout où elle peut avoir traversé le Fliess, recevra l'ordre de se retirer sur Zohlow. Une partie de la Division de Cavalerie est disponible si elle a besoin d'un support direct.

La retraire commence dès que la 1ere Division approche de Zohlow.

Les trois Divisions (c'est à dire les deux Divisions d'infanterie et celle de cavalerie) se réuniront à Zohlow.
L'Arrière Garde sera composée de la 4eme Brigade d'Infanterie, de l'ensemble de la Division de Cavalerie, et de trois batteries d'artillerie montée. Elle suivra le corps principal à portée d'artillerie. Tous marchent en ordre de bataille. Les colonnes de route ne seront formées que quand la pression de l'ennemi aura cessée.

vendredi 3 mai 2013

Solution du 6eme problème.

Quartier Général, Frankfurt/Oder
Soirée du 12 mars

Le Corps de l'Est s'est déplacé de nuit à Drossen, une division prenant position à Kunersdorf. Cette division sera attaquée sans délai demain matin.

La 1ere Division doit retenir l'ennemi de front à Kunersdorf, la 4eme Brigade l'attaquera par son flanc gauche. La 3eme brigade ouvrira le passage par le bois pour la Cavalerie, et sécurisera son débouché dans la plaine de Zohlow.

A cet effet la 1ere Division se formera derrière les Laudons Grund (jonction de la grande-route vers Kunersdorf et de la route de Trettin) et avancera à 9h30 contre Kunersdorf.

La réserve d'Artillerie recevra ses ordres de la 1ere Division, aux mouvements de laquelle elle se conformera

La 4eme Brigade d'Infanterie partira à 8h de Chausseehaus près du cimetière juif (Judenkirchhf) par la route de Crossen; à 1000 pas de la Chausseehaus, elle incline sur la gauche, tourne la chaîne de lacs et de marais s'étendant au sud de Kunersdorf, et s'avance pour attaquer l'aile gauche de l'ennemi à travers la Frankfurter Forst.

La 3eme Brigade se divise en deux colonnes.

Le 3eme Régiment d'Infanterie et la batterie suivent immédiatement la 4eme Brigade sur la grand-route à travers le Schwetiger Revier, et de là marchent sans s'arrêter par le trajet rectiligne menant à la ferme de Scheibler (près du lac Scheibler See).
Le 3eme régiment de la Landwehr et la cavalerie divisionnaire marchent à 8h par le Grund Schaferei le long des chemins du Schwetiger Revier, suivent ensuite le chemin marquant la frontière entre les fôrets de Frankfurt et de Neuendorf (Königl. Reppensche) vers Sorge.

La 3eme Brigade occuppe le Schweden-Damm, Sorge et le petit bois près du lac Birken.

La Division de Cavalerie, renforcée par deux batteries d'artillerie montée de la Réserve, suit immédiatement la 3eme Brigade d'Infanterie, la 2ème Brigade de Cavalerie derrière le 3eme Régiment d'Infanterie, la 1ere Brigade de Cavalerie derrière le 3eme Régiment de la Landwehr. La division tentera d'atteindre aussi vite que possible les plaines ouvertes de Zohlow.

Le Général Commandant sera avec la 4eme Brigade d'Infanterie et ira ensuite à Sorge, d'où les mouvements ultérieurs seront réglementés.

ADDITION POUR LA 1ere DIVISION :
Les détachements de la 1ere Division laissés en arrière dans les retranchements seront retirés dès le franchissement de la section de terrain de Kunersdorf.

VERBALEMENT AU COMMISSAIRE :
Tous les véhicules restent jusqu'à nouvel ordre sur la rive gauche de l'Oder; seul un hôpital de campagne suit vers midi par la route de Drossen jusqu'au Huhner Fliess.

AU COMMANDANT DE L'ARTILLERIE :
Une colonne de munitions dans la même direction.

mercredi 1 mai 2013

7eme problème. 1858.

Sur les mêmes carte et schéma que l'exercice 5.

Corps de l'Est

Le Corps de l'Est, dont l'objectif est de couvrir le siège de Posen, et qui a été incapable d'empêcher plus longtemps la traversée de l'Oder par l'ennemi, marche depuis le 13 mars 6h, sur Zohlow, en support de sa 1ere Division.
Le rapport suivant arrive du Commandant de cette Division : 

"Kunersdorf, 13 mars, 11h 

Mon détachement du flanc gauche a été attaqué vers 10h par des forces très supérieures depuis la direction de Schwetiger Revier (forêt). En accord avec ses ordres, il se retire lentement sur Sorge, où il pourra offrir la résistance la plus obstinée.
Peu après 10h l'ennemi a avancé avec une division contre le front de ma position. Il fait feu avec 24 pièces, mais retient toujours son infanterie.
A 10h30, la tête des colonnes ennemies, qui poussent le détachement de flanc, se montrent à la sortie de la Frankfurter Forst sur mon flanc gauche. J'ai envoyé contre eux 3 bataillons, 2 escadrons et 1 batterie de la réserve, et ainsi bloqué leur débouché.

Comme l'ennemi, pour l'instant, ne montre nul part de masse de cavaliers, on peut en déduire qu'ils ont marché à travers la Neuendorfsche Forst (forêt Königl. Reppensche)

Pour ne pas aboutir à une situation trop désavantageuse, j'ai à présent pris la décision de retraiter.

Kunersdorf sera mis en feu et le croisement au sud de ce village disputé par l'artillerie aussi longtemps que possible. L'arrière-garde  prendra position près du bois. Si elle subit une pression trop forte, je serais peut-être obligé de franchir le Hiihner Fliess au-dessous de la route de Drossen et de me retirer dans la région de Bischofsee.

                                                                                        N.N.
"

Le Général commandant reçoit ce rapport à 11h30 à Zohlow, où la tête de son Corps Principal vient juste d'arriver.
Que va t'il décider de faire ?

mercredi 20 février 2013

6eme problème. 1858.

Sur les mêmes carte et schéma que l'exercice précédant :

Composition du corps de l'Ouest :

1ere division d'infanterie : 13 bataillons, 4 escadrons, 2 batteries
2eme division d'infanterie : 12 bataillons, 4 escadrons, 2 batteries
1ere division de cavalerie : 32 escadrons, 1 batterie
Réserve d'artillerie : 6 batteries

Total : 25 bataillons, 40 escadrons, 11 batteries

Le Corps de l'Ouest, qui est en possession des ponts sur l'Oder à Ciistrin, Frankfurt et Crossen, s'est concentré à Frankfurt, occupant avec la 1ere brigade d'infanterie les retranchements sur le Laudons Berge, le Rothe Vorwerk et le Damm-Vorstadt; la 2eme brigade se tient en arrière en support.
A midi arrive l'information qu'une colonne hostile s'avance par Drossen.

Le commandant ordonne à la 2eme division d'infanterie de passer ce même après-midi sur la rive droite de l'Oder, la division de cavalerie et l'artillerie de réserve devant suivre le 13 tôt le matin, de sorte que le corps d'armée au complet soit derrière le Laudons Berge prêt à faire mouvement pour 8h.

Une reconnaissance, ordonnée dans l'après-midi du 12, a repoussé l'avant-garde ennemie, mais a trouvé la position de Kunersdorf occuppée par de l'infanterie et de l'artillerie. L'approche du crépuscule a empéché une tentative contre cette position.

Des rapports dignes de foi signalent qu'une division de l'ennemi est partie tôt le 12 de Drossen dans la direction de Franckfurt, mais que deux autres divisions sont arrivées à Drossen dans la soirée.
Le Corps de l'Ouest a ordre d'engager l'ennemi, afin de forcer l'ennemi sur sa ligne de retraite de Posen, et de le presser contre le Warthe-Bruch.

Les reconnaissances précédentes ont indiqué que les prairies voisines de la Dreist et du Haupt Graben sont marécageuses et passables uniquement par de mauvaises routes. Les bois sur les hauteurs sablonneuses sont constitués de grands pins; les routes et même les chemins qui y passent sont propres aux voitures.

Indiquez les dispositions du commandant du corps de l'Ouest pour le 13.

Note : l'ordre doit être adressé aux trois divisions et au commandant de l'avant-garde, et sous une forme identique. Il doit clairement indiquer l'intention du Général, et cependant ne rien contenir que les commandants subordonnés, qui auront a l'exécuter, ne peuvent gérer eux-mêmes. De la même façon que les détails ne sont pas acceptable, il ne doit pas être fait mention des raisons. Si elles sont considérées comme nécessaires, elles doivent être ajoutées à la marge ou séparement.

jeudi 7 février 2013

5eme problème. 1858.

NdT : cet exercice ne dispose pas d'une solution, celle fournie par von Moltke n'ayant pas été conservée.

Un Corps de l'Est, de la force d'un Corps d'Armée mobile Prussien (2 divisions d'infanterie de 12 bataillons et 2 batteries chaque, une division de cavalerie de 24 escadrons, et une réserve d'artillerie de 6 batteries), avance de Posen vers l'Oder, pour prévenir la traversée de cette rivière par l'ennemi, ou en tout ces pour prévenir son avance.





Le gros du Corps de l'Est est arrivé à Drossen dans la soirée du 12 Mars, sa première division d'infanterie (12 bataillons, 8 escadrons, 1 batterie de 12 livres, 1 batterie de 6) est en marche vers Frankfurt.



A Zohlow, le commandant de la 1ere division reçoit un rapport de la tête de l'avant-garde signalant que la berge Laudons a été reconnu retranchée et occupée, que 6 bataillons et quelque artillerie bivouaquent au sud du Damm-Vorstadt, que de larges masses sont visibles sur les hauteurs derrière la ville, et que des troupes défilent continuellement sur le pont.

Le rapport est distribué à 16h. Il reste deux heures de jour. Le commandant de la division sait que le Corps de l'Ouest est équivalent en terme d'effectif au corps de l'Est, et seulement plus fort en cavalerie.

Que déterminera-t'il dans ces circonstances ? Quelles mesures prendra-t'il pour le réaliser ?

lundi 4 février 2013

Manoeuvre à simple action : 4 Critique.


 Suite et fin de cet article de la Revue Militaire Générale. Je reprendrai ensuite la traduction des "Taktische Aufgaben".

TROISIÈME PARTIE - CRITIQUE

D. Arrêtons ici l'exercice.

Je vous ai dit mon opinion au sujet de vos opérations de cavalerie; je n'y reviendrai pas.

Quelques observations seulement au sujet de vos ordres initiaux :

Le paragraphe II de votre ordre d'opérations eût été complété avantageusement par l'indication de ce que vous vous proposez de faire, en cas de rencontre avec l'ennemi sur la rive droite de la Seille. L'attention de tout le monde aurait été ainsi attirée sur cette éventualité, et chacun aurait été fixé sur vos intentions.

Au sujet des mesures prescrites à votre cavalerie, quelques observations de détail :

1° J'aurais fait appuyer par un peloton les reconnaissances d'officier dirigées sur Custines et sur Marbache. Ces reconnaissances vont loin vous prévoyez que leur mission pourra durer toute la journée. Il est utile de mettre à leur portée un repli.

2° Vous faites partir de Fleury, à 5h3o du matin, un demi-peloton de cavalerie, pour chercher la liaison avec la droite de l'armée. C'est un élément un peu lourd pour la mission dont il s'agit ; l'heure de départ est aussi trop tardive. Vous avez un intérêt majeur à être renseigné de ce côté le plus tôt possible. C'est une reconnaissance d'officier, partant de très bonne heure, et marchant vite, qu'il fallait envoyer. Elle vous aurait renseigné directement. Cela n'eût pas dispensé, bien entendu, votre commandant de cavalerie d'assurer cette liaison par ses propres moyens, comme vous le lui avez d'ailleurs prescrit.

3° Vous prescrivez à votre cavalerie d'aller retarder l'ennemi sur la rive gauche de la Seille, dans le secteur Aulnois, Jeandelaincourt. Ce secteur n'est pourtant pas le seul intéressant : l'ennemi peut s'avancer aussi bien à l'ouest de la ligne Nomeny, Jeandelaincourt. Votre intention est bien que, dans ce cas, votre cavalerie opère de même alors ne lui limitez pas son secteur d'action.

Je passe maintenant à l'étude de la manœuvre de votre brigade mixte. Mais il me paraît utile de vous donner au préalable quelques indications sur la situation, la mission et les opérations de l'adversaire supposé auquel vous avez eu affaire.
Pour l'ennemi, l'hypothèse générale faite par le directeur était la suivante :
L'armée ennemie (du sud) a forcé, le 28 février, les passages de la Seille entre Vic et Manhoué. Son corps de gauche, non engagé dans la journée, a pu atteindre à la nuit, avec son avant-garde, Arraye et Ajoncourt. Son gros s'échelonne de Leyr à Custines.
Il détache à gauche une brigade d'infanterie et trois batteries à Belleau et Sivry (1 bataillon à Lixières), un régiment de cavalerie et 100 cyclistes à Nomeny.
Le corps d'armée a pour mission, le 1er mars, tout en s'efforçant de déborder l'aile droite de l'armée du nord, de couvrir le mouvement en avant général de l'armée du sud contre une tentative venant de Metz.
Dans ce but :
L'avant-garde se porte, le 1er mars au matin, d'Ajoncourt sur Puzieux.
Le détachement de flanc se porte, par Nomeny, sur la rive droite de la Seille, en vue d'aller s'établir au nord des bois de Ressaincourt et de Secourt, et de reconnaître dans les directions Nomeny, Metz et Delme, Metz.
Le gros du corps d'armée s'avance, par la grande route, sur Létricourt, prêt à agir suivant les circonstances.
C'est au détachement venant de Belleau et Sivry, et formant l'avant-garde du corps d'armée, par Nomeny, dans la direction de Metz, que vous avez eu affaire.
A l'approche de votre colonne venant de Fleury, la cavalerie et les cyclistes ont occupé Nomeny et Rouves, pour tenir ces deux localités jusqu'à l'arrivée du bataillon venu de Lixières.
Grâce aux couverts qui masquent du côté du nord le pont de Nomeny, ce bataillon réussit, malgré la présence de votre section d'artillerie à l'ouest de Mailly, à franchir la Seille par fractions. Une fois rassemblé à l'ouest de Nomeny, il attaque le mamelon au nord de cette localité, avec l'appui de l'artillerie, qui a pris les devants et s'établit tout d'abord sur le plateau de la ferme de Laborde. Une de ses batteries franchit le pont, par voitures successives, et vient ouvrir le feu de la hauteur au sud du cimetière.
Quand votre cavalerie et sa batterie se sont repliées, le bataillon du parti sud, qui s'est emparé du mamelon au nord de Nomeny, se porte, largement déployé, dans la direction de Raucourt, à cheval sur la route, couvert à gauche par la cavalerie (3 escadrons), qui s'est avancée vivement, par Rouves, à la suite de vos deux escadrons évacuant ce village. Les cyclistes ont pédalé sur Éply. Le quatrième escadron s'est porté sur Mailly, où il a été accueilli à coups de fusil. Le bataillon, tête du gros de la brigade, qui pendant ce temps a atteint et franchi la Seille, marche sur le village. L'artillerie prend position tout entière sur le mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny.
Le bataillon dirigé sur Mailly s'en empare, et attaque la lisière sud du bois de Mailly. Le bataillon dirigé sur Raucourt attaque le village, avec l'appui de l'artillerie, qui a fait un bond en avant, pour venir s'établir sur la crête 1500 mètres nord-est de Rouves. Un bataillon du gros s'avance dans la dépression à 1500 métres sud de Raucourt, prêt à soutenir l'attaque, assurant également la protection de l'artillerie. Le reste du gros (3 bataillons) se rassemble dans le pli de terrain 1 kilomètre à l'ouest de Mailly, masqué par la crête.
Le commandant du détachement, constatant que son infanterie progresse dans le bois de Mailly et le long de la lisière ouest de ce bois, se décide à faire avancer son gros à l'abri (à l'est) de la crête 235, pour porter son principal effort sur Ressaincourt et le bois de Ressaincourt. Il appelle une de ses batteries, qui, lorsque l'infanterie est déployée devant les deux points d'appui, vient s'établir à la cote 235.
Le bataillon en réserve 1500 mètres sud de Raucourt reçoit l'ordre, au cas où l'ennemi passerait à l'offensive direction Raucourt, Nomeny, de recueillir le bataillon qui attaque le village, et de contenir l'attaque avec l'appui de l'artillerie.


J'aborde maintenant l'examen de votre manœuvre :

Rien à dire des dispositions que vous prenez à 8h20. Tous vos efforts doivent tendre tout d'abord, c'est visible, à vous établir sur la position Raucourt, Ressaincourt. Cette position, forte sur son front, peut difficilement être abordée par l'ouest : le terrain entre Éply et Raucourt se prête mal à une attaque. A l'est, elle s'appuie au massif forestier, où vous devrez mettre du monde pour vous couvrir, et pour assurer, - ce qui est essentiel, - votre liaison avec l'armée du Nord. Vous serez là en excellente posture, soit pour résister, si vous y êtes obligé, soit pour passer ensuite à l'attaque.
Mais, à 8h20, on vous signale la fusillade du côté de Mailly, où vous n'avez qu'un escadron. Les progrès de l'ennemi dans cette région sont particulièrement inquiétants, car ils tendent à vous séparer de la droite de votre armée, que vous avez expressément pour mission de couvrir. J'estime que vous ne vous en inquiétez pas assez. Vous dirigez un bataillon d'avant-garde de ce côté, mais vous l'arrêtez à Ressaincourt et à la corne sud du bois du même nom. Sans doute, il fallait assurer tout d'abord la possession de ces deux points d'appui. Mais, au moins provisoirement, une compagnie dans chacun d'eux c'était largement suffisant. Le reste du bataillon, il fallait le pousser tout de suite sur Mailly pour occuper le village et rester maître tout au moins de la lisière sud du bois de Mailly.
Une observation à propos de vos ordres de 8h20 : vous n'indiquez à aucun des exécutants le but que vous vous proposez. Vous leur dites: Faites ceci, occupez tels points, avec telles forces … Vous les maniez comme les pions d'un jeu d'échecs, auxquels on n'est pas obligé d'expliquer pourquoi on les déplace. Aucune idée d'ensemble de l'opération à laquelle ils vont concourir et, ceci est la conséquence de cela, aucune mission particulière indiquée. Dans quel sens voulez-vous qu'agisse leur initiative? « Chaque soldat, - ne nous lassons pas de le répéter, - doit connaître sa manœuvre. »
L'expérience le montre : aux manœuvres et, ce qui est plus grave, à la guerre, cette faute est une de celles qui sont le plus souvent commises. La précipitation de l'action l'explique parfois, ne l'excuse jamais. Profitons donc des manœuvres sur la carte, ou rien ne presse, pour prendre une bonne fois l'habitude d'orienter comme il convient nos subordonnés, pour nous exercer, ce qui n'est pas toujours facile, à définir d'une façon aussi brève et aussi claire que possible ce but, cette mission, dont la connaissance est indispensable à chaque exécutant, pour pouvoir adapter rationnellement sa conduite aux circonstances.
A 8''45, vous vous proposez de rejeter l'ennemi au delà de la Seille. L'idée est parfaitement juste. Mais vous êtes décidé, dès 8h 45, à ne pas y employer toutes vos forces, parce que, - dites-vous,– il s'agit pour vous de durer. Entre ces deux buts: 1° rejeter l'ennemi au delà de la Seille; 2° vous réserver pour des besoins ultérieurs, vous adoptez un moyen terme : n'attaquer qu'avec une partie de vos forces. Eh bien, c'est Napoléon qui le dit «A la guerre, les mezzo termine ne valent rien.» Vous échouerez, parce que vous aurez employé des moyens insuffisants. Vous mettiez toutes les chances de votre côté en attaquant à fond, avec toutes vos forces, quitte à passer à la défensive, à vous cramponner au terrain, si, en cours d'exécution, l'ennemi se manifestait supérieur. Cette condition n'est d'ailleurs pas spéciale à votre cas : c'est la condition dans toute attaque.

Mais étudions le détail :

Vous laissez à l'est de Saint-Jure, à 2 kilomètres en arrière, votre bataillon de réserve générale. Comment l'aurez-vous à temps, quand vous en aurez besoin?
Vous n'appelez qu'une des batteries du gros. A quoi pourront bien servir les deux autres, que vous laissez en surveillance sur la crête de la rive droite du ruisseau de Vigny? Une batterie pour préparer l'attaque, un bataillon pour l'exécuter, quand on dispose de six bataillons et de quatre batteries, c'est vraiment peu. Une attaque qui n'est pas une simple démonstration, une attaque qui veut réussir : - vous voulez, dites-vous, rejeter l'ennemi à la Seille, - ne se conçoit qu'à la condition, pour le chef, d'être fermement décidé à faire concourir au succès tous ses moyens.
L'intention de rejeter l'ennemi à la Seille, vous vous êtes contenté de la marquer. Vous n'attaquez que pour marquer le principe, beaucoup plus préoccupé que vous êtes de vous ménager les moyens de passer à la défensive, ou même de couvrir éventuellement votre retraite, qu'au fond vous préparez déjà, en laissant votre bataillon de réserve générale à l'est de Saint-Jure, la moitié de votre artillerie sur la crête au nord du ruisseau de Vigny.
La faute que vous commettez, vous ne tardez pas d'ailleurs à en payer les conséquences. La lutte d'artillerie s'engage pour vous dans les conditions les plus mauvaises qui soient. Disposant au total de quatre batteries, vous entamez cette lutte, à 9 heures, avec une seule. Vous la poursuivez, à partir de 9h20, avec deux. Votre troisième batterie, qui arrive à 9h40, doit s'employer immédiatement à appuyer la défense de Ressaincourt. Est-il étonnant que vous n'arriviez pas à prendre sur l'artillerie ennemie une supériorité marquée? Bien heureux encore que la distance vous ait épargné une sanction plus grave !
Pourquoi votre batterie d'avant-garde ne prend-elle aucune part à la lutte d'artillerie? Sans doute, de sa position de caponnière au nord et près de Ressaincourt, elle bat efficacement les abords de HaucourL Mais l'ennemi n'enlèvera pas ce village sans en préparer l'attaque avec son artillerie. Vous appliquer à paralyser celle-ci est donc, pour le moment, le meilleur moyen de défendre Raucourt.
Combien votre situation eût été meilleure, si, dès 9 heures, -vous le pouviez, - vous aviez eu vos quatre batteries réunies sur la crête au nord de Ressaincourt, en mesure de combiner leurs efforts soit pour dominer l'artillerie adverse, soit pour tenir sous leur feu les crêtes que l'infanterie ennemie doit traverser pour progresser vers votre position, en particulier la crête 235, qu'elle est obligée de franchir pour aborder Ressaincourt ! Combien surtout vous eussiez été en meilleure posture pour attaquer vous-même !
A 10 heures, vous vous décidez à battre en retraite. A l'encontre de ce qui se passe ailleurs, nous poserons et nous discuterons tout à l'heure la question préalable : Fallait-il battre en retraite ? Supposons pour le moment que votre résolution soit justifiée, et examinons les conditions dans lesquelles vous exécutez votre rupture du combat.
Vous vous proposez d'aller occuper en arrière une nouvelle position entre AIlémont et Berupt. Vous avez à ce moment deux bataillons disponibles le deuxième du deuxième régiment, entre la cote 264 et la corne ouest du bois de Ressaincourt; le troisième du deuxième régiment, à 800 mètres au nord de la cote 264. Vous envoyez celui-ci prendre immédiatement position sur la croupe d'Allémont, et, pour faciliter, dites-vous, rupture du combat, vous contre-attaquez avec l'autre.
Est-ce cela qu'il fallait faire ?
L'ennemi a trois bataillons devant Ressaincourt, où vous avez deux compagnies. Votre effort offensif va vous engager dans des conditions telles qu'une solution ne saurait tarder à intervenir, -suivant toute vraisemblance, à votre détriment, - aux abords du hameau. Vous n'aurez plus ensuite aucune troupe fraîche pour retarder le moment où l'ennemi prendra possession du plateau entre Ressaincourt et la cote 264. Dans quelles conditions s'exécutera votre retraite, quand l'ennemi y sera établi et y aura amené son artillerie ?
Vous n'aurez de repli que sur la croupe à l'est d'Allémont, où d'ailleurs votre troisième bataillon du deuxième régiment, ni votre artillerie, n'auront peut-être pas encore eu le temps de s'installer. Comment s'effectuera en particulier la retraite de vos deux bataillons engagés à Raucourt ?
Une fois votre retraite décidée, il fallait vous proposer de l'exécuter par échelons, en commençant précisément par ces deux bataillons. L'ennemi n'attaque Raucourt que de front, avec un seul bataillon. Vos deux bataillons pouvaient se dégager sans difficulté. L'établissement de l'ennemi sur la croupe au nord de Ressaincourt leur faisait courir un danger bien autrement sérieux. C'est à les prémunir contre ce danger que les troupes fraîches (2 bataillons) dont vous disposez encore, et votre artillerie, devaient être employées.
Le terrain vous offrait le moyen d'établir, entre la cote 264 et le bois, et au nord-ouest de la cote 264, une ligne d'infanterie soustraite aux vues de la batterie ennemie qui canonne Ressaincourt et de l'artillerie établie à 1500 mètres nord-est de Rouves, ligne d'infanterie tenant sous son feu le sommet du plateua au sud. Vous eussiez ainsi recueilli les deux compagnies évacuant Ressaincourt, et, ce qui est essentiel, vous eussiez empêche longtemps l'ennemi de prendre pied sur la hauteur au nord du hameau.
Pour y aider, en même temps que pour couvrir la retraite de vos bataillons de Raucourt, votre artillerie serait venue prendre position sur la croupe orientée est-ouest, au sud-est de Saint-Jure. Plus tard seulement, elle serait allée, par échelons, s'établir sur les hauteurs à l'est d'Allémont, sous la protection de vos deux bataillons venus de Raucourt.
De ces hauteurs, elle eût été en mesure de couvrir la retraite de votre deuxième échelon : les bataillons postés aux environs de la cote 264.
Pensez-vous que cet ensemble de dispositions n'était pas meilleur ?
Mais fallait-il rompre le combat, pour aller occuper une nouvelle position sur les hauteurs à l'est d'Allémont?
Votre résolution de battre en retraite n'a pas été pour moi une surprise. Elle était la conséquence forcée de votre disposition d'esprit antérieure. Pour vous en aller, vous n'attendez même pas que l'ennemi vous ait révélé manifestement des forces supérieures. Ces forces, vous supposez qu'il les possède et, de plus, qu'il les a à pied d'œuvre. Vous ne les attendez pas. Vous évacuez de plein gré votre position.
Il n'y a qu'un malheur, mais il est sérieux : votre mission n'est pas remplie. C'est plus qu'un malheur, c'est une faute, parce que vous n'avez pas fait le possible pour la remplir.
Couvrir la droite de l'armée du Nord, conserver la liaison avec Metz, telle était votre mission. On ne vous signale pas d'autre ennemi que celui qui a débouché par Nomeny. Jusqu'ici, la liaison avec Metz n'est pas menacée. Tous vos efforts peuvent, c'est-à-dire doivent s'employer à couvrir la droite de l'armée.
Cette droite, on vous l'a dit, est à Thézey-Saint-Martin. Sous prétexte de vous réserver pour des besoins ultérieurs problématiques, vous la découvrez, vous l'abandonnez pour aller vous établir entre Allémont et Berupt. L'ennemi, maître de Raucourt et de Ressaincourt, que vous venez d'évacuer, maître de Mailly, et du bois de Mailly, que vous n'avez fair aucun effort pour occuper et tenir, quand il en était temps encore, - plus tard, pour enlever, - l'ennemi va pouvoir maintenant, tout à son aise, déborder et prendre en flanc la droite de l'armée du Nord.
Installé sur la hauteur Raucourt, Ressaincourt, l'ennemi n'aura pas besoin de beaucoup de forces pour se prémunir, face au nord, contre un retour offensif, que d'ailleurs vous ne méditez nullement. Sans doute, vous avez encore de l'infanterie dans les bois de Ressaincourt et de Secourt. Mais la possession du bois de Mailly, et des boqueteaux à l'est, suffit à l'ennemi pour couvrir les attaques qu'il va diriger contre la droite de l'armée.
Cette droite sera battue, l'armée tout entière peut-être oblige de se replier. Mais, grâce à votre circonspection, grâce à l'habileté que vous avez eue de vous réserver pour des besoins ultérieurs, vous serez établi, en bonne santé, entre Allémont et Berupt : façon vraiment un peu trop moderne d'appliquer la vieille maxime « Péris, mais sauve tes frères !»
II n'y a pas de doute dès que vous avez su que la droite de l'armée était à Thézey-Saint-Martin, il fallait, coûte que coûte, vous emparer du village de Mailly ou, tout au moins, du bois en arrière. Maître de ce bois, des bois à l'est (le Belvédère, le Parc), votre artillerie sur la croupe 800 mètres nord-ouest de Phlin, vous étiez en mesure de vous opposer à une attaque débordante de l'ennemi contre Thézey.
Une offensive énergique, par l'ouest du massif forestier, dans la direction de Mailly, attirait sur vous, de toutes façons, des forces ennemies importantes, qui ne pouvaient s'employer contre la droite de l'armée du Nord. En cas d'échec, vous ne risquiez que d'être rejeté sur les bois de Ressaincourt et de Mailly. L'ennemi ne vous en aurait pas expulsé aisément, et votre présence y eut paralysé longtemps ses efforts contre Thézey.
Sans doute, l'ennemi pouvait se proposer de déborder et de tourner, par l'ouest et par le nord, l'ensemble du massif forestier. Mais l'opération eût été fort risquée; elle eût été longue; elle eût demandé des forces considérables, ne fût-ce que pour se couvrir contre une offensive de votre part, toujours possible. Autant de forces encore détournées de l'objectif à couvrir par vous : la droite de l'armée.
Enfin, si l'armée était obligée de se replier, l'occupation du massif couvrait encore sa droite contre les tentatives débordantes de l'adversaire.
Chose curieuse l'importance du massif forestier, l'importance en particulier du bois et du village de Mailly ne vous ont nullement échappé. Vous n'avez pas osé pourtant vous engager à fond pour vous en emparer, et pour en rester maître. Vous avez craint de vous faire battre. L'idée ne vous est pas venue qu'il y avait un malheur plus grand que celui-là : ne pas remplir votre mission.
« Bazaine pouvait me battre, - disait Alvensleben le 16 août, - il ne se serait pas débarrassé de moi aisément. » Même battu, le commandant du IIIe corps prussien prétendait remplir, malgré tout, la mission qu'il s'était attribuée.
Que ne vous êtes-vous inspiré de cette idée ! Que n'avez-vous appliqué la même tactique l'offensive, l'offensive quand même ! L'offensive, qui possède en elle-même une telle vertu, tant de ressources insoupçonnées, que, dans une situation qui semble sans issue, elle offre encore, en dépit même de l'apparence contraire, le meilleur, souvent l'unique moyen de se tirer d'affaire : l'offensive, qui en impose à l'adversaire; l'offensive, qui maintient dans notre camp l'ascendant des forces morales ; l'offensive, qui, pour toutes ces raisons, est seule capable, dans un cas difficile ou douteux, de satisfaire entièrement la conscience militaire d'un chef, en lui donnant la pleine assurance qu'il aura fait, quoi qu'il arrive, tout le possible, et même l'impossible, c'est-à-dire simplement son devoir.

Lieutenant-colonel MAISTRE,
Du 79e régiment d'infanterie.

samedi 2 février 2013

Manoeuvre à simple action : 3 engagement du gros.


DEUXIEME PARTIE – ENGAGEMENT DU GROS DU DETACHEMENT

Directeur (au commandant du parti). Où étiez-vous, et qu'avez-vous fait, lorsque vous avez entendu les premiers coups de canon, vers 7h15, heure à laquelle vous n'aviez encore reçu aucun renseignement de votre cavalerie ?

Commandant du parti. A 7h15, j'étais en marche, avec mon avant-garde, sur la grand'route, à hauteur du grand bois de la Hautonnerie (3 kilomètres nord de Louvigny). Dès que j'entends le canon vers Nomeny, je me porte en avant au trot, escorté par un peloton de cavalerie, dans l'espoir de rejoindre le gros de ma cavalerie, et, en tous cas, pour me rendre compte de la situation.

D. Partir, c'est très bien mais n'oubliez pas de laisser une ligne de conduite à celui qui vous remplace. Que lui dites-vous ?

Ct du parti. Voici mes instructions :
«L'ennemi parait déboucher de Nomeny.
« II importe d'arriver le plus vite possible à la Seille, de façon à pouvoir le rejeter sur la rive gauche, s'il n'a encore fait passer que des forces insuffisantes pour se maintenir sur la rive droite. »

D. Soit. En cours de route, vous rencontrez une estafette qui vous apporte la nouvelle qu'à 7h15 de l'infanterie, appuyée par de l'artillerie, cherchait à déboucher de Nomeny.
Vers 8h15, vous rejoignez le commandant de la cavalerie, à l'est de Raucourt. Il vous fait savoir qu'il a dû abandonner les abords immédiats de Nomeny, devant des forces supérieures : l'ennemi a montré jusqu'ici trois ou quatre escadrons, un bataillon d'infanterie environ, une ou deux batteries. Vos escadrons ont reçu du commandant de la cavalerie l'ordre de se replier sur Raucourt, Ressaincourt, bois de Mailly, et d'y tenir jusqu'à l'arrivée de l'infanterie. La batterie qui opérait avec eux a été rappelée vers Ressaincourt.
Vous avez été informé que la droite de l'armée s'étendait jusque Thézey-Saint-Martin.
A 7h30, l'ennemi n'avait pas paru à Port-sur-Seille et à Cheminot.
Vous voyez deux de vos escadrons entrer dans Raucourt, et s'y établir. Trois escadrons ennemis les poursuivaient mais, sans aborder les lisières de Raucourt, ils viennent de filer vers le nord, en passant à l'ouest de ce village.
Vous voyez encore deux autres de vos escadrons occuper le mouvement de terrain 235 et Ressaincourt.
Vous entendez le canon dans la direction de Nomeny, et la fusillade vers Mailly.
Que décidez-vous?

Ct du parti. L'ennemi n'a encore montré que de la cavalerie, un bataillon, et une ou deux batteries. Je veux attaquer dans le double but de reconnaître, et de rejeter si possible sur la rive gauche les éléments qui ont franchi la rivière, afin de disposer, pour l'accomplissement de ma mission, des avantages que peut procurer cette coupure du terrain.
Je ne crains pas, quant à présent, d'enveloppement sur ma droite.
Quant à la liaison avec l'armée (Thézey-Saint-Martin), elle ne sera assurée que si j'atteins la Seille à Abaucourt, ou si, au minimum, je suis maître du massif forestier au nord-est de Mailly : nouvelle raison pour attaquer.
Mais, pour attaquer, il faut d'abord mettre mes forces en mains, les rassembler.
Où les rassembler ? Vers Saint-Jure évidemment, couvertes sur le front Raucourt, Ressaincourt.
Ce front est tenu actuellement par la cavalerie, laquelle peut être attaquée, à bref délai, par l'infanterie et l'artillerie ennemies déjà reconnues. Ma première préoccupation est de faire relever la cavalerie par les troupes de mon avant-garde, renforcées par l'artillerie du gros.
Si l'infanterie ennemie me devance dans ces points d'appui, je m'efforcerai de l'en déloger.
Après cela, j'envisagerai l'organisation de l'attaque, en vue de rejeter l'adversaire au delà de la Seille, ou bien, si celui-ci m'oppose des forces trop nombreuses, je me résoudrai à la défensive.
En conséquence, je donne, à 8h20, les ordres suivants :

Au commandant de l'avant-garde : « A partir de Saint-Jure, un bataillon sur Raucourt, un bataillon sur Ressaincourt et la corne sud du bois de Ressaincourt »;
Au commandant de la flanc-garde : « Marchez sur Raucourt, tout en continuant à remplir votre mission de flanc-garde »;
Au commandant de l'artillerie : « Établissez-vous en surveillance sur la crête de la rive droite du ruisseau de Vigny, puis, dès que vous le pourrez, portez l'artillerie à la crête 264 (nord de Ressaincourt) »;
Au commandant du deuxième régiment : « Arrivé à Saint-Jure, rassemblez le régiment à 1000 mètres à l'est. »

D. Réglons d'abord un incident qui se produit, entre 8h15 et 8h3o, à l'ouest de Raucourt :
(Au commandant de la flanc-garde) : Votre bataillon a débouché vers 8 heures de Louvigny. Arrivée aux abords du ruisseau de Vigny, la compagnie de tête a vu trois escadrons ennemis, qui, venant des abords ouest de Raucourt, s'approchaient du ruisseau vers le moulin des Moines. Ces escadrons ont fait demi-tour, se repliant dans la direction d'Éply. Qu'a fait la compagnie de tête de votre bataillon?

Commandant de la flanc-garde. Elle a suivi la route d'Éply pour se porter à la crête.

D. Arrivée à cette crête, elle n'a plus vu les cavaliers, mais constaté qu'Éply était occupé.
Le commandant du bataillon qui marche en tête de ses trois autres compagnies est parvenu au moulin des Moines vers 8h40. L'ordre l'appelant à Raucourt ne l'a pas encore touché il entend à ce moment une violente fusillade du côté de cette localité. Que fait-il ?

Ct de la flanc-garde. Pendant que sa compagnie de tête marche sur Éply, il se dirige, avec les trois autres, du moulin des Moines vers Raucourt.

D. En s'approchant de Raucourt, le commandant du bataillon apprend qu'un bataillon de l'avant-garde vient de s'y établir. Que fait-il ?

Ct de la flanc-garde. Il pousse une compagnie à la Croix du Gros Chêne, et arrête les deux autres à 5oo mètres au nord de ce dernier point. Le bataillon est ainsi disposé pour protéger l'aile droite de la brigade, ou renforcer, s'il y a lieu, les défenseurs de Raucourt.

D. La situation à 8h45 est la suivante :
Un bataillon de votre avant-garde a occupé Raucourt.
L'ennemi (un bataillon environ) attaque Raucourt, par le sud et le sud-ouest.
De l'artillerie se révèle à 1500 mètres nord-est de Rouves, et commence à battre les lisières de Raucourt.
Vous avez un escadron à Ressaincourt, un escadron à la crête 235.
L'infanterie ennemie vient d'entrer dans Mailly. Quelques fractions commencent à en déboucher vers le nord, marchant vers la lisière sud du bois de Mailly, occupée par votre escadron, qui a défendu le village.
Votre batterie détachée avec la cavalerie vient de s'établir au nord et contre Ressaincourt, face à l'ouest ; elle est dissimulée à l'artillerie ennemie, et en état d'agir dans de bonnes conditions sur les abords de Raucourt.

Ct du parti. L'ennemi attaque, mais il ne m'a pas montré des forces telles que je sois réduit déjà à abandonner l'idée de le rejeter au delà de la Seille. Toutefois, je ne contre-attaquerai pas à fond avec toutes mes forces, car ma mission est de longue durée, et je ne sais pas à quelles nécessités ultérieures j'aurai à faire face.
Par où contre-attaquer ?
Par la gauche, parce que j'y trouve des cheminements pour l'infanterie, parce que c'est la direction la plus courte pour atteindre la Seille, parce qu'enfin c'est le côté de la liaison avec l'armée.
Si la contre-attaque n'atteint pas son but final, qui est de rejeter l'ennemi au delà de la Seille, sa direction est telle qu'elle tendra toujours à ralentir l'occupation, par l'adversaire, de la zone forestière, dont l'importance a été signalée précédemment.
Quoi qu'il advienne plus tard, un premier résultat est dès maintenant acquis mon infanterie est à Raucourt, elle sera dans quelques instants à Ressaincourt. Mon gros a une zone de manœuvre assurée au nord de ce front Raucourt, Ressaincourt.
Aussi, à 8h45, j'envoie l'ordre suivant à ce gros (2e régiment) :
« En vue de rejeter l'ennemi au delà de la Seille, et de pouvoir nous établir défensivement sur cette rivière, attaquez avec un bataillon dans la direction de Mailly, par les lisières ouest des bois de Ressaincourt et de Mailly. Poussez un deuxième bataillon à l'est de la cote 264 contre le bois, où il sera prêt à soutenir le premier, mais ne s'engagera que sur mon ordre. Laissez le troisième bataillon en réserve générale à l'est de Saint-Jure. »
A 8h45 également, je donne l'ordre au commandant de l'artillerie de porter une de ses batteries à l'est de Raucourt, pour agir sur le terrain entre Mailly et Ressaincourt.
Enfin, à la même heure, je prescris au commandant de la cavalerie de réunir le plus tôt possible ses escadrons au nord de Raucourt, et de s'efforcer d'agir, par Éply et Rouves, sur la gauche et les derrières de l'ennemi.

D. A 9h15, vous apprenez que l'ennemi s'est emparé, vers 9 heures, de la lisière sud du bois de Mailly.
Une chaîne d'infanterie assez dense (quatre compagnies environ) est en ce moment déployée sur le mouvement de terrain au nord de 235. Elle vient de s'engager dans un combat de feux avec votre propre infanterie qui garnit depuis quelques minutes les lisières de Ressaincourt et du bois de Ressaincourt.
Rien de nouveau aux abords de Raucourt.
Fixez le détail de votre situation à 9h15.

Ct du parti. Premier régiment : un bataillon à Raucourt; un bataillon à l'ouest de ce village : une compagnie vers la Croix du Gros Chêne, deux compagnies en réserve à 5oo mètres au nord de ce dernier point; un bataillon ayant : deux compagnies à Ressaincourt, une compagnie à la corne sud du bois de Ressaincourt, une compagnie à la lisière du bois, 5oo mètres nord-est du hameau.
Deuxième régiment en colonne par quatre, la tête à 1 kilomètre est de Saint-Juré.
Artillerie une batterie contre la lisière nord de Ressaincourt, battant les abords sud de Raucourt;
Une batterie établie à 264 depuis 9 heures, en lutte avec l'artillerie ennemie en batterie au nord-est de Rouves;
Une batterie va arriver à 9h20, et s'établira à droite de la précédente.
La dernière batterie a été également appelée, par Saint-Jure, sur Raucourt. Elle doit être en route pour rejoindre.
Cavalerie : le commandant de la cavalerie n'a encore de disponibles, à 9h15, que les deux escadrons qui étaient à Raucourt. Un des escadrons de Ressaincourt le rejoindra dans quelques minutes ; l'autre, qui a été engagé dans le bois de Ressaincourt, ne pourra rallier qu'entre 9h3o et 9h45. Enfin, l'escadron qui a combattu à Mailly restera engagé dans les bois avec des fractions d'infanterie, et ne rejoindra pas.

D. –Je demanderai maintenant au commandant de l'artillerie comment ses batteries du gros sont entrées en action.
La première est arrivée, vers 9 heures, au mouvement de terrain 264 (nord de Ressaincourt). Je vous rappelle qu'à cette heure, la batterie détachée avec la cavalerie est en action, depuis quinze minutes environ, contre l'infanterie ennemie qui attaque Raucourt : elle n'éprouve aucun dommage de l'artillerie adverse, qui ne la voit pas. Mais, de son côté, l'ennemi a de l'artillerie sur le mouvement de terrain 1500 mètres nord-est de Rouves, qui tire sur les défenseurs de Raucourt, sans être contre-battue. Lorsque vous faites votre reconnaissance à 264, vous voyez des lueurs produites par les coups de cette artillerie et réparties inégalement sur un front de 4o millièmes environ.
Comment votre première batterie occupe-t-elle la position et comment entre-t-elle en action ?

Ct de l'artillerie. L'artillerie ennemie étant en position au moment où la nôtre va se mettre en batterie, la marche d'approche et l'occupation de la position se font à l'abri absolu de la crête jalonnée par la route Saint-Jure, Ressaincourt. Les batteries seront établies au défilement maximum permis par la condition de pouvoir tirer sur les crêtes de la rive gauche du ruisseau de Pumpey. La première batterie est installée à la gauche de la position, à intervalles aussi grands que possible, sous réserve que l'espace nécessaire à la deuxième batterie sera ménagé. Une fois établie, la première batterie prend pour objectif l'artillerie ennemie qui tire sur Raucourt.

D. Lorsque votre batterie ouvre le feu, ses lueurs sont aperçues par l'artillerie ennemie de la crête nord-est de Rouves. Vous avez pu voir alors, à gauche du front de 4o millièmes précédemment défini, de nouvelles lueurs s'étendant à 5o millièmes en dehors de ce front. Des projectiles sont tombés dans le voisinage de votre batterie, puis une rafale a balayé le terrain, en avant d'elle principalement.

Ct de l'artillerie. Le commandant de batterie a fait abriter son personnel au moment de la rafale. Puis, sans changer son objectif, c'est-à-dire continuant à tirer sur les 40 millièmes de front sur lesquels il avait ouvert le feu, il lancera lui-même les salves qu'il pourra tirer, dans l'intervalle entre les salves ou les rafales dirigées contre lui.

D. Grâce à votre défilement et aux procédés mis en œuvre par vous, vous pouvez en effet continuer à tirer, sans éprouver de pertes sérieuses. L'ennemi continue, lui aussi, à tirer tant bien que mal sur Raucourt quant à celles de ses pièces qui sont orientées sur vous, elles ne sont, d'après ce que vous venez de me dire, nullement contre-battues.
Comment, vers 9h20, votre deuxième batterie entre-t-elle en action ? Comment concevez-vous en outre que le feu de vos deux batteries pourra être conduit ?

Ct de l'artillerie. Au moment où la deuxième batterie arrive près de la position à occuper, je prescris à la première de cesser son feu et d'abriter son personnel ; puis, j'attends que les rafales de l'ennemi sur la crête 264 cessent, ce qui ne peut manquer de se produire, car on ne tire contre une artillerie masquée que lorsque celle-ci accuse sa présence et son action par son propre tir. Je profiterai alors de l'accalmie, pour faire mettre en batterie la deuxième batterie, à droite de la première, sans montrer ni un homme ni un cheval.
En ce qui concerne la direction des feux, je répartirai entre mes deux batteries le front sur lequel les lueurs se sont manifestées (45 millièmes à chaque batterie). Lorsque les deux batteries seront prêtes à ouvrir le feu, la première recommencera à tirer sur les pièces ennemies qui n'ont cessé de tirer contre Raucourt. Cette réouverture de feu correspondra sans doute à une reprise de feu contre ma première batterie, par les pièces précédemment en action contre elle. C'est alors que ma deuxième batterie commencera à tirer elle-même sur ces dernières.

D. Je ne doute pas qu'entre deux artilleries ainsi masquées, la lutte, à cette distance, puisse se prolonger assez longtemps, sans que l'une d'elles soit mise nettement en état d'infériorité. C'est ainsi que les choses se passeraient probablement dans le cas qui nous occupe. Impossible de pousser l'étude plus loin, dans un exercice sur la carte.

D. Au commandant du parti : Vers 10 heures, la chaîne ennemie qui s'est constituée sur le mouvement de terrain 235, est devenue très dense elle se porte à l'attaque de la lisière sud du bois de Ressaincourt, entraînée par de nombreux renforts ; on peut évaluer à trois bataillons les troupes de cette attaque. En même temps, une batterie apparaît à 800 mètres sud de Ressaincourt, accompagnant ce mouvement offensif.
L'infanterie ennemie pénètre dans le bois, mais se trouve engagée aussitôt avec le premier bataillon de votre second régiment, qui l'aborde sur son flanc gauche. Il en résulte un combat sous bois très confus, aux abords du chemin Mailly, Secourt, et les progrès de l'infanterie assaillante dans le bois sont pour le moment paralysés.
Mais, pendant ce temps, la batterie qui a accompagné l'attaque canonne, à 800 mètres, les lisières de Ressaincourt. Des fractions d'infanterie adverse se précipitent dans le ravin, pour aborder de là le hameau. Votre dernière batterie, en position à 9h40 à l'est de Raucourt, appuie très efficacement, pour le moment, la défense de Ressaincourt, et paraît vous en garantir jusqu'à nouvel ordre la possession, malgré la supériorité numérique des effectifs mis en jeu par l'assaillant.
Comment envisagez-vous la situation, et quels ordres donnez-vous?

Ct du parti. Mon rôle de couverture du flanc de l'armée et des communications avec Metz me commande de durer. Je ne dois pas jouer mon va-tout à 10 heures du matin. Mon adversaire s'est déployé, et a produit un gros effort offensif : il a montré quatre ou cinq bataillons et trois batteries environ. Quant à moi, non seulement je ne suis plus en situation de développer ma contre-attaque, mais, si je voulais me maintenir à Ressaincourt, il me faudrait engager mes dernières réserves. Je ne le ferai pas.
Aussi, à 10 heures, je prends la résolution de rompre le combat, et de porter ma brigade entre le ruisseau de Berupt et le ruisseau de Vigny, pour disputer à l'ennemi les débouchés nord de la région forestière, tandis que mes fractions engagées dans les bois se replieront sur Secourt.
En conséquence, je donne les ordres suivants, transmis verbalement aux intéressés :
« La brigade va rompre le combat et se reporter sur une nouvelle position défensive, à 3 kilomètres en arrière Allémont, ferme Berupt.
«Pour favoriser la rupture du combat autour de Ressaincourt, le deuxième bataillon du deuxième régiment contre-attaquera de suite, entre Ressaincourt et les bois.
«Les troupes engagées autour de Ressaincourt, sous les ordres du colonel du deuxième régiment, retraiteront, par le nord du bois de Ressaincourt, sur la portion de la nouvelle position comprise entre la route incluse Secourt, Vigny et le bois de Berupt.
«Le bataillon de réserve générale ira de suite s'établir à Allémont, et sur le mouvement de terrain situé entre ce hameau et la route Secourt, Vigny.
« Les deux bataillons engagés à Raucourt et à l'ouest, sous les ordres du colonel du premier régiment, se déroberont par Saint- Jure et l'ouest d'Allémont, et viendront s'établir, en réserve, à 800 mètres nord-est de cette dernière localité, sur la rive gauche du ruisseau de Vigny.
« L'artillerie ira s'établir derrière la crête, au sud de Vigny.
« La cavalerie favorisera la retraite, couvrira le flanc ouest du détachement, et maintiendra le contact. »

   L'exercice se termine, à suivre : la critique de l'arbitre.

mercredi 30 janvier 2013

Manoeuvre à simple action : 2.2 analyse.

L'arbitre fait une pause dans le déroulement de la manoeuvre pour expliquer les erreurs commises :
DÉVELOPPEMENT DE LA MANOEUVRE
SUITE DE LA PREMIÈRE PARTIE – OPÉRATIONS DE LA CAVALERIE


Directeur. Examinons la façon dont la cavalerie a compris son rôle, et la conduite qu'elle a tenue, en face des situations qui viennent de se présenter.

Rien à dire des dispositions initiales fixées par l'ordre d'opérations, sauf que le commandant de la cavalerie ne s'est pas suffisamment préoccupé de la liaison avec l'armée, que la brigade mixte a mission de couvrir. II était très important pour vous d'être fixé le plus tôt possible sur la situation de la droite de cette armée. Il convenait donc de détacher, de grand matin, une reconnaissance d'officier vers la côte de Delme, avec mission de vous faire connaître si le terrain, entre cette hauteur et la Seille, était occupé par des détachements de l'armée, où étaient ces détachements, en quelle force, quels rôles ils avaient ? Cette reconnaissance, après vous avoir ainsi défini l'objet à couvrir, vous aurait renseigné d'une façon constante, et directement, sur la situation de cette droite amie, pour le compte de laquelle vous deviez travailler. Vous aviez, il est vrai, un escadron à votre gauche, dont la mission était d'assurer la liaison dont il s'agit, en contournant les bois de Mailly par le sud: mais, vous l'avez détaché trop tard; de plus, en affectant à ce rôle un escadron, vous affaiblissiez d'autant votre gros, sans nécessité encore constatée, et vous retardiez la prise du renseignement, car un escadron se meut moins vite qu'une reconnaissance d'officier.

Votre escadron d'avant-garde a opéré comme s'il était sûr de ne trouver devant lui qu'une cavalerie inférieure, ou égale, et décidée à ne combattre qu'à pied. Il est visible qu'au moment où le commandant de cet escadron apprend que des cavaliers ennemis débouchent de Nomeny, il doit se demander s'il n'aura pas devant lui, dans quelques minutes, une cavalerie supérieure. Il faut qu'il se prépare immédiatement à utiliser le terrain au mieux, dans cette prévision ; qu'il puisse, le cas échéant, gagner un temps suffisant pour être soutenu par le gros, tout en gardant le contact, pour savoir ce qui peut déboucher de Nomeny. Conclusion : trois ou quatre patrouilles de combat dirigées vers la cavalerie signalée, et vers les débouchés de Nomeny le gros de l'escadron se jetant immédiatement à l'est de la route, et gagnant le haut du terrain, vers la cote 235. C'est de là que vous auriez attaqué ensuite, s'il y avait lieu, dans la direction de Nomeny, pour rejeter sur cette localité les fractions qui en avaient débouché. L'escadron d'avant-garde y trouvait immédiatement l'appui de l'escadron dirigé sur Mailly, qui marchait à sa hauteur, et qui n'avait, pour l'instant, rien de mieux à faire que de le soutenir.

Au cas où plusieurs escadrons ennemis auraient débouché de Nomeny, derrière les fractions signalées, le mieux que vous aviez à faire était, si vous le pouviez, de vous jeter dans Mailly, dont la possession avait un intérêt de premier ordre, étant donnée la mission qui incombait à votre détachement. En cas d'impossibilité, vous vous repliiez en remontant la croupe 235.

Je passe à la manœuvre du gros de votre cavalerie : 

Vous avez engagé ce gros dans une opération où il s'est disloqué, n'étant à aucun moment en situation de combattre avec avantage contre la cavalerie adverse. Vos escadrons ont été dispersés sur un grand front, votre batterie d'artillerie scindée; vous n'avez visé aucune action d'ensemble.

Je ne vois pas pourquoi vous vous êtes obstiné à attaquer Rouves : la possession de cette localité était pour le moment sans grand intérêt, puisque vous étiez maître du mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny, c'est-à-dire en mesure de contester le débouché.

Voici comment j'aurais compris votre opération : installer votre batterie sur une position à vues étendues, 800 mètres ouest du clocher de Mailly, par exemple ; jeter des fusils là où il fallait, pour gêner l'ennemi, l'obliger à se déployer, à manœuvrer, à perdre du temps ; mais rester toujours en état de vous mesurer avec une cavalerie combattant à cheval, c'est-à-dire maintenir la plus grande partie de vos escadrons groupés, et chercher à vous ménager, en cas de rencontre, l'avantage du terrain. Que si, à un certain moment, il fût devenu certain qu'aucune cavalerie ennemie n'était plus à craindre, alors vous eussiez pu agir un peu autrement, et disloquer votre réserve à cheval mais ce cas ne s'est pas présenté.

Entrons dans le détail.

Dès que vous ont été signalés des cavaliers ennemis sortant de Nomeny, vous auriez, à mon avis, bien opéré, en portant votre batterie à 235, sous la protection de l'escadron d'avant-garde, et en massant votre gros au sud de Ressaincourt. Lorsque vous auriez eu toutes vos forces en mains, vous auriez attaqué pour reconnaître un escadron sur Mailly, un autre droit sur Nomeny. Celui de droite est arrêté par le feu du mamelon ? Il cherchera à progresser en combattant à pied. A gauche, au contraire, votre escadron atteint Mailly sans rencontrer l'ennemi : marquez votre place dans le village, et visez de là l'attaque du mamelon nord de Nomeny, afin toujours de reconnaître. A cette attaque mettez ce qu'il faut, mais restez toujours en état d'intervenir à cheval contre la cavalerie ennemie, si celle-ci se montre; ne cessez pas d'avoir vos escadrons sous la main, et opérez constamment de façon à vous ménager l'appui efficace de votre artillerie. Toutes ces conditions m'eussent paru remplies en prescrivant à un escadron de s'avancer de Mailly vers le mamelon, et en appelant votre gros près et à l'ouest de Mailly.

Lorsque, plus tard, il a été avéré que vous aviez affaire à des forces supérieures, il n'aurait pas fallu abandonner, sans combattre, 3 kilomètres de terrain, en vous repliant d'un bond, des abords immédiats de Nomeny, jusqu'à Raucourt et Ressaincourt. Il eût convenu de faire retraiter vos fractions de crête en crête, en vous multipliant par la mobilité propre à l'arme à cheval vous auriez ainsi imposé un certain ralentissement aux mouvements de l'ennemi. De plus, si votre batterie s'était trouvée à 235, elle aurait été, presque jusqu'au dernier moment, en état de gêner par son feu les progrès de l'ennemi, sans que sa propre retraite fût compromise. Votre batterie s'est au contraire scindée ; elle s'est de plus engagée, dès le début, trop en avant, et il ne vous a plus été possible de tirer un coup de canon, à partir du moment où l'ennemi a débouché du mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny. Dans la réalité, la retraite de vos pièces ne se serait pas opérée même sans difficulté.

Enfin, vous n'avez attaché que trop peu d'importance à la possession du village de Mailly, fort utile pourtant pour assurer votre liaison avec l'aile droite de l'armée du nord. Sans doute, il était nécessaire d'occuper Raucourt, que vous aviez à tenir jusqu'à l'arrivée de votre avant-garde. Deux escadrons y suffisaient provisoirement. Avec les deux escadrons restants, il fallait vous proposer de manœuvrer de façon à appuyer la défense, soit de Mailly, soit de Raucourt, suivant que l'une ou l'autre de ces deux localités aurait été plus menacée par l'attaque.

 A suivre : retour à la manoeuvre avec le gros du détachement.

lundi 28 janvier 2013

Manoeuvre à simple action : 2.1 opérations de la cavalerie.

 
Passons maintenant au vif du sujet, pour voir comment se déroulait concrètement une manoeuvre à simple action  :  

DÉVELOPPEMENT DE LA MANOEUVRE

PREMIÈRE PARTIE – OPÉRATIONS DE LA CAVALERIE


Directeur. Quelle est la situation de votre cavalerie à 6h30 ?
Commandant de la cavalerie. Le gros (3 escadrons et 1 batterie) sort de Saint-Jure. L'avant-garde (1 escadron) traverse Raucourt. Un escadron, qui va chercher la liaison avec la droite de l'armée, entre à Ressaincourt, pour se porter de là sur Mailly et Thézey-Saint-Martin. Un peloton, flanqueur de droite, est à 2 kilomètres nord d'Éply. Une reconnaissance d'officier (1 officier,1 sous-officier, 6 cavaliers), précédant le gros sur l'axe Nomeny, Leyr, va atteindre Nomeny.
D. En abordant Nomeny, la reconnaissance d'officier est accueillie par des coups de fusil que fait-elle ?
Ct de la cavalerie. Elle laisse le sous-officier et deux cavaliers en observation, envoie un cavalier avertir le commandant du gros de la cavalerie de la présence de l'ennemi à Nomeny, et cherche à poursuivre sa mission dans la direction de Leyr, en passant par Abaucourt.
D. Votre reconnaissance peut passer la Seille à Abaucourt. Mais, à 6h40, la patrouille laissée en observation devant Nomeny doit se retirer devant des fractions de cavalerie, qu'elle apprécie à la valeur d'un escadron au moins.
Ct de la cavalerie. La patrouille en question va rester au contact. L'escadron d'avant-garde a appris la présence de l'ennemi à Nomeny, au moment où il sortait de Raucourt il continue à s'avancer sur Nomeny, en procédant par bonds, de crête en crête, précédé par un peloton en fourrageurs.
D. -Arrivé à la crête jalonnée par le chemin de terre Rouves, Mailly, le peloton d'avant-garde de votre escadron est en butte à des coups de fusil venant du mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny. Que fait l'escadron ?
Ct de la cavalerie. Deux pelotons mettent pied à terre, pour prendre sous leur feu les fractions ennemies qui se montreraient sur la crête en face d'eux, ou chercheraient à en déboucher. Des patrouilles de combat sont poussées vers Nomeny, par la droite et par la gauche du mamelon d'où partent des coups de fusil.
D. Il est environ 6h5o. Où est, de sa personne, le commandant de la cavalerie et que fait-il ?
Ct de la cavalerie. Entendant la fusillade au moment où il sortait de Raucourt, il a franchi la coupure du ruisseau de Pompey, et s'est porté à la crête puis, voyant son escadron d'avant-garde arrêté, il a galopé à lui, en donnant ordre aux escadrons du gros de déboîté de la route et de se masser à l'abri de la crête, à l'est de la cote 212, et à l'artillerie de se mettre en batterie sur cette crête.
D. Arrivé auprès de votre escadron d'avant-garde, vous constatez son impuissance à gagner du terrain vers Nomeny. D'autre part, votre peloton flanqueur de droite est, lui aussi, accueilli à coups de fusil en abordant Rouves. Quant à l'escadron opérant sur votre gauche, il a atteint Mailly sans rencontrer l'ennemi. Quelle résolution prenez-vous ?
Ct de la cavalerie. J'attaque avec toutes mes forces disponibles, dans le but de reconnaître l'ennemi, et de l'obliger, si possible, à repasser la Seille. Si je ne puis m'établir sur cette rivière, et m'y maintenir jusqu'à l'arrivée de l'infanterie, je chercherai à occuper et à tenir, devant l'adversaire, des points d'appui à la façon d'une avant-garde; s'il pousse de l'avant, je manœuvrerai pour exercer sur lui une action retardatrice.
D. Comment attaquez-vous ?
Ct de la cavalerie. Deux escadrons et demi sont appelés dans la dépression qui est au nord du chemin de terre Rouves, Mailly; gagnant de là les pentes ouest du ravin qui descend de Mailly vers Nomeny, ils se portent à l'attaque des forces qui tiennent le mamelon 1 kilomètre nord de cette dernière localité, en abordant ce mamelon par l'est. En même temps, l'escadron d'avant-garde se porte en avant dans la direction nord-sud, et la batterie, escortée par un peloton, vient s'établir à l'est de la grande route, à hauteur du chemin de terre Rouves, Mailly, pour appuyer l'attaque.
L'escadron que j'avais détaché à gauche, a entendu, en arrivant à Mailly, une fusillade nourrie vers Nomeny le capitaine qui le commande a alors fait marquer l'occupation de Mailly par un peloton pied à terre; puis, laissant filer seulement sur Thézey-Saint-Martin une reconnaissance d'officier pour chercher la liaison avec l'armée, il s'est dirigé vers Nomeny. Je suppose qu'il a pu intervenir dans l'action de cavalerie qui se déroule au nord de ce point.
Quant au peloton flanqueur de droite, après avoir tâté Rouves, il s'est porté en observation des ponts, de Port-sur-Seille à Clémery.
D. Votre attaque a obligé l'ennemi a évacué le mamelon au nord de Nomeny; mais, au moment où vous atteignez la crête de ce mamelon, vous êtes accueilli par des feux partant de la lisière nord de Nomeny, des fossés de la route Nomeny, Rouves, et du village de Rouves. Le mamelon conquis était tenu par la valeur d'un escadron pied à terre. Vous avez vu, en outre, deux escadrons environ se replier par la coulée au sud, et disparaître. Vous apercevez des fractions d'infanterie sur les lisières et aux abords de Nomeny. Il est 7h15. Des coups de canon partent du plateau de la ferme Laborde et tombent devant vous, sur les pentes sud du mamelon.
Ct de la cavalerie. Mon rôle de reconnaissance sur Nomeny est terminé. Impossible de pousser de l'avant. Mais l'ennemi n'a pas les débouchés du pont de Nomeny. Je vais les lui disputer : cela le retardera d'autant. En outre, je déploierai la plus grande activité offensive, dans la limite de mes moyens, afin de l'inviter à la circonspection.
A cet effet un escadron pied à terre tiendra le mamelon conquis un escadron cherchera à s'établir à Rouves.
La batterie se scindera en deux;
Une section restant sur l'emplacement occupé présentement, pour appuyer l'attaque de Rouves, ou recueillir les défenseurs du mamelon;
Une section ira au château de Mailly, pour tenir sous son feu le pont de Nomeny et le terrain à l'est de la grande route;
Un peloton auprès de chaque section d'artillerie;
Deux escadrons à ma disposition, à 1200 mètres nord-est de Rouves.

D. L'escadron envoyé sur Rouves ne peut y pénétrer.
Ct de la cavalerie. II attaque la lisière est de la localité, trois pelotons combattant à pied. L'artillerie l'appuie de son feu.
D. Cette attaque est immobilisée à 4oo mètres de la lisière.
Ct de la cavalerie. Je la renforce en envoyant un de mes escadrons disponibles attaquer Rouves par le nord.
D. Rouves tombe entre vos mains à 7h45. Vous voyez une cinquantaine de cyclistes en sortir, dans la direction de Nomeny. Mais, au même instant, de l'artillerie ennemie apparaît sur la hauteur du château de Nomeny, et commence à tirer sur les défenseurs du mamelon ; puis, de l'infanterie assez nombreuse, dont vous évaluez la force à un bataillon, débouche des lisières nord de Nomeny, et se porte à l'attaque de ce mamelon.
Vous recevez en même temps de Mailly les deux renseignements suivants :
1° L'extrême droite de l'armée occupe Thézey-Saint-Martin;
2° De la cote 220 (sud-ouest de Mailly), on a aperçu, entre 7h15 et 7h3o, des fractions d'infanterie franchissant successivement le pont de Nomeny, malgré le tir de votre artillerie.
En outre, la reconnaissance d'officier qui a passé par Abaucourt a trouvé, à 7 heures, Létricourt et la lisière nord du bois du Haut-des-Trappes occupés.
Enfin, aucune force ennemie n'a franchi, jusqu'à 7h30, la Seille à Clémery ou à Port-sur-Seille.
Ct de la cavalerie. Je n'attends pas d'être abordé par l'attaque montée contre le mamelon nord de Nomeny. Je me décide à me replier, pour aller exercer de nouveau mon action retardatrice sur une position en arrière. Il résulte de l'examen de la carte que l'occupation du massif forestier, bois de Mailly et de Ressaincourt, permettrait de résister longtemps à un ennemi qui se proposerait de déborder la droite de notre armée. II importera donc d'empêcher le plus longtemps possible l'ennemi d'y pénétrer, puis d'y progresser et d'en déboucher. Pour ce faire, il faudrait d'abord défendre les lisières, et s'opposer aux progrès de l'adversaire vers le terrain libre au nord du massif, par où il pourrait déborder l'obstacle. En défendant la position Raucourt, Ressaincourt, et en occupant les lisières extérieures du bois de Mailly, puis en disputant pied à pied le terrain à l'Intérieur de ce bois, la brigade remplirait donc sa mission.
Or, l'infanterie ne peut atteindre Raucourt qu'à 8h45, Ressaincourt qu'à 9 heures ou 9h15, les lisières du bois de Mailly pas avant 9h3o ou 10 heures. Il faut, par conséquent, qu'en attendant l'avant-garde de la colonne, la cavalerie fasse son possible pour empêcher l'ennemi de prendre pied à Raucourt, Ressaincomt, bois de Mailly.
Nous n'avons pas encore été délogés de Mailly j'y laisse un escadron, qui se repliera par le bois de Mailly sur la route de Secourt.
Au sud de Raucourt, terrain découvert, où il n'y a rien à faire pour des chicanes de cavalerie contres les attaques d'infanterie et d'artillerie de l'ennemi. Aussi, vais-je replier d'un seul coup, sans arrêt intermédiaire, tout ce que j'ai de cavalerie dans région de Rouves, jusqu'aux points d'appui de Raucourt et de Ressaincourt : les deux escadrons qui ont opéré à Rouves, sur Raucourt, les deux autres sur la cote 235 (route de Secourt, la carte indique la cote 135, ce qui est évidemment une erreur) et Ressaincourt. La batterie d'artillerie va se reconstituer au château de Mailly, puis se retirer par 235 sur Ressaincourt, en s'employant suivant les circonstances.

A suivre : les commentaires de l'arbitre sur cette première partie.