mercredi 30 janvier 2013

Manoeuvre à simple action : 2.2 analyse.

L'arbitre fait une pause dans le déroulement de la manoeuvre pour expliquer les erreurs commises :
DÉVELOPPEMENT DE LA MANOEUVRE
SUITE DE LA PREMIÈRE PARTIE – OPÉRATIONS DE LA CAVALERIE


Directeur. Examinons la façon dont la cavalerie a compris son rôle, et la conduite qu'elle a tenue, en face des situations qui viennent de se présenter.

Rien à dire des dispositions initiales fixées par l'ordre d'opérations, sauf que le commandant de la cavalerie ne s'est pas suffisamment préoccupé de la liaison avec l'armée, que la brigade mixte a mission de couvrir. II était très important pour vous d'être fixé le plus tôt possible sur la situation de la droite de cette armée. Il convenait donc de détacher, de grand matin, une reconnaissance d'officier vers la côte de Delme, avec mission de vous faire connaître si le terrain, entre cette hauteur et la Seille, était occupé par des détachements de l'armée, où étaient ces détachements, en quelle force, quels rôles ils avaient ? Cette reconnaissance, après vous avoir ainsi défini l'objet à couvrir, vous aurait renseigné d'une façon constante, et directement, sur la situation de cette droite amie, pour le compte de laquelle vous deviez travailler. Vous aviez, il est vrai, un escadron à votre gauche, dont la mission était d'assurer la liaison dont il s'agit, en contournant les bois de Mailly par le sud: mais, vous l'avez détaché trop tard; de plus, en affectant à ce rôle un escadron, vous affaiblissiez d'autant votre gros, sans nécessité encore constatée, et vous retardiez la prise du renseignement, car un escadron se meut moins vite qu'une reconnaissance d'officier.

Votre escadron d'avant-garde a opéré comme s'il était sûr de ne trouver devant lui qu'une cavalerie inférieure, ou égale, et décidée à ne combattre qu'à pied. Il est visible qu'au moment où le commandant de cet escadron apprend que des cavaliers ennemis débouchent de Nomeny, il doit se demander s'il n'aura pas devant lui, dans quelques minutes, une cavalerie supérieure. Il faut qu'il se prépare immédiatement à utiliser le terrain au mieux, dans cette prévision ; qu'il puisse, le cas échéant, gagner un temps suffisant pour être soutenu par le gros, tout en gardant le contact, pour savoir ce qui peut déboucher de Nomeny. Conclusion : trois ou quatre patrouilles de combat dirigées vers la cavalerie signalée, et vers les débouchés de Nomeny le gros de l'escadron se jetant immédiatement à l'est de la route, et gagnant le haut du terrain, vers la cote 235. C'est de là que vous auriez attaqué ensuite, s'il y avait lieu, dans la direction de Nomeny, pour rejeter sur cette localité les fractions qui en avaient débouché. L'escadron d'avant-garde y trouvait immédiatement l'appui de l'escadron dirigé sur Mailly, qui marchait à sa hauteur, et qui n'avait, pour l'instant, rien de mieux à faire que de le soutenir.

Au cas où plusieurs escadrons ennemis auraient débouché de Nomeny, derrière les fractions signalées, le mieux que vous aviez à faire était, si vous le pouviez, de vous jeter dans Mailly, dont la possession avait un intérêt de premier ordre, étant donnée la mission qui incombait à votre détachement. En cas d'impossibilité, vous vous repliiez en remontant la croupe 235.

Je passe à la manœuvre du gros de votre cavalerie : 

Vous avez engagé ce gros dans une opération où il s'est disloqué, n'étant à aucun moment en situation de combattre avec avantage contre la cavalerie adverse. Vos escadrons ont été dispersés sur un grand front, votre batterie d'artillerie scindée; vous n'avez visé aucune action d'ensemble.

Je ne vois pas pourquoi vous vous êtes obstiné à attaquer Rouves : la possession de cette localité était pour le moment sans grand intérêt, puisque vous étiez maître du mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny, c'est-à-dire en mesure de contester le débouché.

Voici comment j'aurais compris votre opération : installer votre batterie sur une position à vues étendues, 800 mètres ouest du clocher de Mailly, par exemple ; jeter des fusils là où il fallait, pour gêner l'ennemi, l'obliger à se déployer, à manœuvrer, à perdre du temps ; mais rester toujours en état de vous mesurer avec une cavalerie combattant à cheval, c'est-à-dire maintenir la plus grande partie de vos escadrons groupés, et chercher à vous ménager, en cas de rencontre, l'avantage du terrain. Que si, à un certain moment, il fût devenu certain qu'aucune cavalerie ennemie n'était plus à craindre, alors vous eussiez pu agir un peu autrement, et disloquer votre réserve à cheval mais ce cas ne s'est pas présenté.

Entrons dans le détail.

Dès que vous ont été signalés des cavaliers ennemis sortant de Nomeny, vous auriez, à mon avis, bien opéré, en portant votre batterie à 235, sous la protection de l'escadron d'avant-garde, et en massant votre gros au sud de Ressaincourt. Lorsque vous auriez eu toutes vos forces en mains, vous auriez attaqué pour reconnaître un escadron sur Mailly, un autre droit sur Nomeny. Celui de droite est arrêté par le feu du mamelon ? Il cherchera à progresser en combattant à pied. A gauche, au contraire, votre escadron atteint Mailly sans rencontrer l'ennemi : marquez votre place dans le village, et visez de là l'attaque du mamelon nord de Nomeny, afin toujours de reconnaître. A cette attaque mettez ce qu'il faut, mais restez toujours en état d'intervenir à cheval contre la cavalerie ennemie, si celle-ci se montre; ne cessez pas d'avoir vos escadrons sous la main, et opérez constamment de façon à vous ménager l'appui efficace de votre artillerie. Toutes ces conditions m'eussent paru remplies en prescrivant à un escadron de s'avancer de Mailly vers le mamelon, et en appelant votre gros près et à l'ouest de Mailly.

Lorsque, plus tard, il a été avéré que vous aviez affaire à des forces supérieures, il n'aurait pas fallu abandonner, sans combattre, 3 kilomètres de terrain, en vous repliant d'un bond, des abords immédiats de Nomeny, jusqu'à Raucourt et Ressaincourt. Il eût convenu de faire retraiter vos fractions de crête en crête, en vous multipliant par la mobilité propre à l'arme à cheval vous auriez ainsi imposé un certain ralentissement aux mouvements de l'ennemi. De plus, si votre batterie s'était trouvée à 235, elle aurait été, presque jusqu'au dernier moment, en état de gêner par son feu les progrès de l'ennemi, sans que sa propre retraite fût compromise. Votre batterie s'est au contraire scindée ; elle s'est de plus engagée, dès le début, trop en avant, et il ne vous a plus été possible de tirer un coup de canon, à partir du moment où l'ennemi a débouché du mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny. Dans la réalité, la retraite de vos pièces ne se serait pas opérée même sans difficulté.

Enfin, vous n'avez attaché que trop peu d'importance à la possession du village de Mailly, fort utile pourtant pour assurer votre liaison avec l'aile droite de l'armée du nord. Sans doute, il était nécessaire d'occuper Raucourt, que vous aviez à tenir jusqu'à l'arrivée de votre avant-garde. Deux escadrons y suffisaient provisoirement. Avec les deux escadrons restants, il fallait vous proposer de manœuvrer de façon à appuyer la défense, soit de Mailly, soit de Raucourt, suivant que l'une ou l'autre de ces deux localités aurait été plus menacée par l'attaque.

 A suivre : retour à la manoeuvre avec le gros du détachement.

lundi 28 janvier 2013

Manoeuvre à simple action : 2.1 opérations de la cavalerie.

 
Passons maintenant au vif du sujet, pour voir comment se déroulait concrètement une manoeuvre à simple action  :  

DÉVELOPPEMENT DE LA MANOEUVRE

PREMIÈRE PARTIE – OPÉRATIONS DE LA CAVALERIE


Directeur. Quelle est la situation de votre cavalerie à 6h30 ?
Commandant de la cavalerie. Le gros (3 escadrons et 1 batterie) sort de Saint-Jure. L'avant-garde (1 escadron) traverse Raucourt. Un escadron, qui va chercher la liaison avec la droite de l'armée, entre à Ressaincourt, pour se porter de là sur Mailly et Thézey-Saint-Martin. Un peloton, flanqueur de droite, est à 2 kilomètres nord d'Éply. Une reconnaissance d'officier (1 officier,1 sous-officier, 6 cavaliers), précédant le gros sur l'axe Nomeny, Leyr, va atteindre Nomeny.
D. En abordant Nomeny, la reconnaissance d'officier est accueillie par des coups de fusil que fait-elle ?
Ct de la cavalerie. Elle laisse le sous-officier et deux cavaliers en observation, envoie un cavalier avertir le commandant du gros de la cavalerie de la présence de l'ennemi à Nomeny, et cherche à poursuivre sa mission dans la direction de Leyr, en passant par Abaucourt.
D. Votre reconnaissance peut passer la Seille à Abaucourt. Mais, à 6h40, la patrouille laissée en observation devant Nomeny doit se retirer devant des fractions de cavalerie, qu'elle apprécie à la valeur d'un escadron au moins.
Ct de la cavalerie. La patrouille en question va rester au contact. L'escadron d'avant-garde a appris la présence de l'ennemi à Nomeny, au moment où il sortait de Raucourt il continue à s'avancer sur Nomeny, en procédant par bonds, de crête en crête, précédé par un peloton en fourrageurs.
D. -Arrivé à la crête jalonnée par le chemin de terre Rouves, Mailly, le peloton d'avant-garde de votre escadron est en butte à des coups de fusil venant du mamelon 1 kilomètre nord de Nomeny. Que fait l'escadron ?
Ct de la cavalerie. Deux pelotons mettent pied à terre, pour prendre sous leur feu les fractions ennemies qui se montreraient sur la crête en face d'eux, ou chercheraient à en déboucher. Des patrouilles de combat sont poussées vers Nomeny, par la droite et par la gauche du mamelon d'où partent des coups de fusil.
D. Il est environ 6h5o. Où est, de sa personne, le commandant de la cavalerie et que fait-il ?
Ct de la cavalerie. Entendant la fusillade au moment où il sortait de Raucourt, il a franchi la coupure du ruisseau de Pompey, et s'est porté à la crête puis, voyant son escadron d'avant-garde arrêté, il a galopé à lui, en donnant ordre aux escadrons du gros de déboîté de la route et de se masser à l'abri de la crête, à l'est de la cote 212, et à l'artillerie de se mettre en batterie sur cette crête.
D. Arrivé auprès de votre escadron d'avant-garde, vous constatez son impuissance à gagner du terrain vers Nomeny. D'autre part, votre peloton flanqueur de droite est, lui aussi, accueilli à coups de fusil en abordant Rouves. Quant à l'escadron opérant sur votre gauche, il a atteint Mailly sans rencontrer l'ennemi. Quelle résolution prenez-vous ?
Ct de la cavalerie. J'attaque avec toutes mes forces disponibles, dans le but de reconnaître l'ennemi, et de l'obliger, si possible, à repasser la Seille. Si je ne puis m'établir sur cette rivière, et m'y maintenir jusqu'à l'arrivée de l'infanterie, je chercherai à occuper et à tenir, devant l'adversaire, des points d'appui à la façon d'une avant-garde; s'il pousse de l'avant, je manœuvrerai pour exercer sur lui une action retardatrice.
D. Comment attaquez-vous ?
Ct de la cavalerie. Deux escadrons et demi sont appelés dans la dépression qui est au nord du chemin de terre Rouves, Mailly; gagnant de là les pentes ouest du ravin qui descend de Mailly vers Nomeny, ils se portent à l'attaque des forces qui tiennent le mamelon 1 kilomètre nord de cette dernière localité, en abordant ce mamelon par l'est. En même temps, l'escadron d'avant-garde se porte en avant dans la direction nord-sud, et la batterie, escortée par un peloton, vient s'établir à l'est de la grande route, à hauteur du chemin de terre Rouves, Mailly, pour appuyer l'attaque.
L'escadron que j'avais détaché à gauche, a entendu, en arrivant à Mailly, une fusillade nourrie vers Nomeny le capitaine qui le commande a alors fait marquer l'occupation de Mailly par un peloton pied à terre; puis, laissant filer seulement sur Thézey-Saint-Martin une reconnaissance d'officier pour chercher la liaison avec l'armée, il s'est dirigé vers Nomeny. Je suppose qu'il a pu intervenir dans l'action de cavalerie qui se déroule au nord de ce point.
Quant au peloton flanqueur de droite, après avoir tâté Rouves, il s'est porté en observation des ponts, de Port-sur-Seille à Clémery.
D. Votre attaque a obligé l'ennemi a évacué le mamelon au nord de Nomeny; mais, au moment où vous atteignez la crête de ce mamelon, vous êtes accueilli par des feux partant de la lisière nord de Nomeny, des fossés de la route Nomeny, Rouves, et du village de Rouves. Le mamelon conquis était tenu par la valeur d'un escadron pied à terre. Vous avez vu, en outre, deux escadrons environ se replier par la coulée au sud, et disparaître. Vous apercevez des fractions d'infanterie sur les lisières et aux abords de Nomeny. Il est 7h15. Des coups de canon partent du plateau de la ferme Laborde et tombent devant vous, sur les pentes sud du mamelon.
Ct de la cavalerie. Mon rôle de reconnaissance sur Nomeny est terminé. Impossible de pousser de l'avant. Mais l'ennemi n'a pas les débouchés du pont de Nomeny. Je vais les lui disputer : cela le retardera d'autant. En outre, je déploierai la plus grande activité offensive, dans la limite de mes moyens, afin de l'inviter à la circonspection.
A cet effet un escadron pied à terre tiendra le mamelon conquis un escadron cherchera à s'établir à Rouves.
La batterie se scindera en deux;
Une section restant sur l'emplacement occupé présentement, pour appuyer l'attaque de Rouves, ou recueillir les défenseurs du mamelon;
Une section ira au château de Mailly, pour tenir sous son feu le pont de Nomeny et le terrain à l'est de la grande route;
Un peloton auprès de chaque section d'artillerie;
Deux escadrons à ma disposition, à 1200 mètres nord-est de Rouves.

D. L'escadron envoyé sur Rouves ne peut y pénétrer.
Ct de la cavalerie. II attaque la lisière est de la localité, trois pelotons combattant à pied. L'artillerie l'appuie de son feu.
D. Cette attaque est immobilisée à 4oo mètres de la lisière.
Ct de la cavalerie. Je la renforce en envoyant un de mes escadrons disponibles attaquer Rouves par le nord.
D. Rouves tombe entre vos mains à 7h45. Vous voyez une cinquantaine de cyclistes en sortir, dans la direction de Nomeny. Mais, au même instant, de l'artillerie ennemie apparaît sur la hauteur du château de Nomeny, et commence à tirer sur les défenseurs du mamelon ; puis, de l'infanterie assez nombreuse, dont vous évaluez la force à un bataillon, débouche des lisières nord de Nomeny, et se porte à l'attaque de ce mamelon.
Vous recevez en même temps de Mailly les deux renseignements suivants :
1° L'extrême droite de l'armée occupe Thézey-Saint-Martin;
2° De la cote 220 (sud-ouest de Mailly), on a aperçu, entre 7h15 et 7h3o, des fractions d'infanterie franchissant successivement le pont de Nomeny, malgré le tir de votre artillerie.
En outre, la reconnaissance d'officier qui a passé par Abaucourt a trouvé, à 7 heures, Létricourt et la lisière nord du bois du Haut-des-Trappes occupés.
Enfin, aucune force ennemie n'a franchi, jusqu'à 7h30, la Seille à Clémery ou à Port-sur-Seille.
Ct de la cavalerie. Je n'attends pas d'être abordé par l'attaque montée contre le mamelon nord de Nomeny. Je me décide à me replier, pour aller exercer de nouveau mon action retardatrice sur une position en arrière. Il résulte de l'examen de la carte que l'occupation du massif forestier, bois de Mailly et de Ressaincourt, permettrait de résister longtemps à un ennemi qui se proposerait de déborder la droite de notre armée. II importera donc d'empêcher le plus longtemps possible l'ennemi d'y pénétrer, puis d'y progresser et d'en déboucher. Pour ce faire, il faudrait d'abord défendre les lisières, et s'opposer aux progrès de l'adversaire vers le terrain libre au nord du massif, par où il pourrait déborder l'obstacle. En défendant la position Raucourt, Ressaincourt, et en occupant les lisières extérieures du bois de Mailly, puis en disputant pied à pied le terrain à l'Intérieur de ce bois, la brigade remplirait donc sa mission.
Or, l'infanterie ne peut atteindre Raucourt qu'à 8h45, Ressaincourt qu'à 9 heures ou 9h15, les lisières du bois de Mailly pas avant 9h3o ou 10 heures. Il faut, par conséquent, qu'en attendant l'avant-garde de la colonne, la cavalerie fasse son possible pour empêcher l'ennemi de prendre pied à Raucourt, Ressaincomt, bois de Mailly.
Nous n'avons pas encore été délogés de Mailly j'y laisse un escadron, qui se repliera par le bois de Mailly sur la route de Secourt.
Au sud de Raucourt, terrain découvert, où il n'y a rien à faire pour des chicanes de cavalerie contres les attaques d'infanterie et d'artillerie de l'ennemi. Aussi, vais-je replier d'un seul coup, sans arrêt intermédiaire, tout ce que j'ai de cavalerie dans région de Rouves, jusqu'aux points d'appui de Raucourt et de Ressaincourt : les deux escadrons qui ont opéré à Rouves, sur Raucourt, les deux autres sur la cote 235 (route de Secourt, la carte indique la cote 135, ce qui est évidemment une erreur) et Ressaincourt. La batterie d'artillerie va se reconstituer au château de Mailly, puis se retirer par 235 sur Ressaincourt, en s'employant suivant les circonstances.

A suivre : les commentaires de l'arbitre sur cette première partie.

vendredi 25 janvier 2013

Manoeuvre à simple action : 1 Thème

Voici donc le thème et les ordres initiaux d'un problème soumis lors d'un exercice d'état-major. Les cartes, issues du site Geoportail de l'IGN remplacent les originales. Il manque par contre les indications d'altitude sur une bonne partie de la carte


COMPTE RENDU D'UNE Manoeuvre à simple action SUR LA CARTE 
 
Cartes nécessaires : Commercy nord-est et sud-est, Sarrebourg nord-ouest et sud-ouest

THÈME

Croquis 1

Situation générale. Après une rencontre, à l'est de Nancy, avec des forces ennemies supérieures, une armée du nord a du battre en retraite en repassant la Seille (croquis n° 1).
Dans la soirée du 28 février, l'ennemi (du sud) a réussi à forcer sur plusieurs points les passages de la rivière, entre Vic et Manhoué.
Les arrière-gardes de l'armée du nord ont l'ordre de se replier le lendemain, en disputant le terrain, pour permettre au gros des forces de s'établir sur la position jalonnée par la côte de Delme, le bois de Viviers, Château-Bréhain, Haboudange, etc.

Situation spéciale. En vue de couvrir la droite de cette position, et de conserver la liaison avec Metz, un détachement du corps mobile de cette place, sous les ordres du général X…, comprenant une brigade d'infanterie, quatre batteries, six escadrons, poussé le 28 février à Magny-sur-Seille, Pouilly, Fleury, reçoit l'ordre de rompre à 5h30 du matin sur Nomeny, et de prendre ses dispositions en vue d'interdire à l'ennemi les passages de Seille, d'Abaucourt à Port-sur-Seille (croquis n° 2).

Croquis n°2


ORDRES INITIAUX DU COMMANDE DU DETACHEMENT (GÉNÉRAL X...) POUR LA JOURNÉE DU 1er MARS
 
1° Ordre à la brigade mixte

I. Situation et mission de la brigade (voir le thème).

II. L'intention du général X… est de gagner le plus rapidement possible la région de Nomeny, en se liant à gauche à l'armée du nord, et en se couvrant à droite contre toute tentative d'enveloppement.

III. Le gros de la cavalerie, débouchant de Verny à 5h3o du matin, précédera la brigade sur la direction Nomeny, Leyr. Le commandant de la cavalerie reçoit une instruction particulière. Une batterie est mise à sa disposition. Il laissera un escadron pour le service de la colonne.
Deux reconnaissances d'officier partiront à 5 heures du matin pour la région Custines, Marbache l'une, par Éply, Clémery, Serrières et le bois du Chapitre, l'autre par Sillégny, Les Ménils, Atton et la vallée de la Moselle. Mission, qui durera jusqu'à la tombée du jour reconnaître les mouvements de l'ennemi à l'ouest de la ligne Lixières, Faulx-Saint-Pierre.

IV. Formation et marche de la colonne
Avant-qarde :
2 pelotons de cavalerie,
1er Régiment d'infanterie;
Distance : 1000m;
Gros :
2eme Régiment : 2 bataillons,
3 batteries,
2eme Régiment : 1 bataillon;
Distance : 500m;
Arrière-garde :
1 compagnie.
La tête de l'avant-garde passera sur la grande route, à hauteur de Fleury, à 5h3o.
Le général X. marche à l'avant-garde.
Un demi-peloton de cavalerie, sous les ordres d'un officier, partant de Fleury à 5h 3o, ira chercher la liaison avec la droite de l'armée, sur la direction Vigny, Delme.
Un demi-peloton marchera avec le général X…

V. Détachements de flanc : l'avant-garde constituera :
1° Vers la droite : un détachement d'un bataillon et d'un peloton de cavalerie, qui se dirigera sur Port-sur-Seille, par Louvigny, Éply. Mission : couvrir la brigade sur son flanc droit, à partir de Louvigny, et tenir les passages de la Seille à Port-sur-Seille et Clémery
2° Vers la gauche : un détachement de deux compagnies, qui sera poussé de Saint-Jure sur Mailly et Phlin, pour garantir la liaison avec la droite de l'armée.

2° Instruction particulière à la cavalerie

Je mets sous vos ordres une batterie, qui sera rendue à Verny à 5h3o.
Votre mission est de reconnaître la présence de l'ennemi sur la direction générale Nomeny, Leyr, et de retarder ses mouvements vers Nomeny, en vue de permettre à la brigade d'arriver à temps pour interdire les ponts de la Seille.
A cet effet, vous vous efforcerez de gagner la rive gauche de cette rivière le plus rapidement possible, par Raucourt et Nomeny, et d'exercer votre action retardatrice dans le secteur Aulnois-sur-Seille, Jeandelaincourt.
Vous aurez en outre à rechercher la liaison avec la droite de l'armée.

3° Justification des dispositions prises

II s'agit pour la brigade mixte :
1° De couvrir la droite de l'armée du nord, c'est-à-dire de s'opposer à ce qu'elle soit débordée ou enveloppée;
2° De conserver la liaison de cette armée avec Metz, c'est-à-dire d'empêcher l'ennemi de s'interposer entre l'armée et Metz.
En vue de ce double but, la brigade a l'ordre d'aller faire barrage sur la Seille, dans la région de Nomeny.
Si elle y arrive avant l'ennemi et s'y maintient, en liaison avec l'armée, et sans être débordée elle-même sur sa droite, son rôle sera pleinement rempli. Mais elle ne peut être en situation de s'employer dans la région de Nomeny avant 10 heures du matin.
Ou'arrivera-t-il d'ici là ?
La première question qu'elle doit résoudre est donc de marcher sur Nomeny, en prenant ses dispositions pour être à tout instant prête à remplir le rôle qui lui a été assigné.
Pour cela, il faut à la brigade :
1° Être éclairée dans la direction de la marche (gros de la cavalerie)
2° Savoir ce qui se passe entre elle et la droite de l'armée (liaison par la cavalerie, puis détachement d'infanterie);
3° Éventer tout mouvement tendant à la déborder sur sa droite (reconnaissances poussées jusqu'à la Moselle, entre Pont-à-Mousson et Custines couverture sur la Seille pendant la marche, réalisée d'abord par de simples patrouilles de cavalerie, puis par un détachement de flanc, à partir de la transversale Louvigny, Lesménils).

Tout en ayant pris ses précautions pour être en mesure d'agir conformément à sa mission, s'il ne peut arriver jusqu'à Nomeny, le commandant de la brigade met en œuvre tous ses moyens pour intervenir sur le front de la Seille, qui lui a été défini. C'est pourquoi il ne demande pas seulement à son gros de cavalerie de l'éclairer sur l'axe de la marche : il le renforce d'une batterie, qui, sans l'alourdir sensiblement, lui apportera une certaine capacité de résistance ; il lui prescrit d'aller marquer sa place sur la Seille vers Nomeny, et même de se porter dans la direction la plus menaçante au sud de cette localité (secteur Jeandelaincourt, Aulnois), pour y exercer une action retardatrice vis-à-vis de l'ennemi qu'il rencontrerait.

Général X…

jeudi 24 janvier 2013

Côté français ...

Pour varier un peu les sources, je vais vous proposer dans les jours à venir une série d'articles issus de la Revue Militaire Générale, un mensuel français édité depuis 1907 et sous ce nom jusqu'en 1939. Outre des articles abordant la technique, la doctrine, l'évolution des différentes armes et armées, on retrouve quelques articles présentant les manoeuvres sur cartes utilisées dans l'Armée Française à cette époque. Certains autres articles proposent des analyses de cas sur des batailles passées, ayant principalement pour sujet la guerre franco-prussienne de 1870. Je vais donc vous proposer une sélection de ces deux derniers types.

Pour les impatients, la plupart des revues sont disponibles sur le site Gallica de la BNF, mais les cartes et schémas passent mal au scanner. J'utiliserai donc le site Geoportail de l'IGN qui propose les minutes des cartes de l'état-major au 1:40000, relevés entre 1818 et 1866. Si la couleur est un plus par rapport au tirage final, malheureusement tous les dessins-minute ne sont pas dans le même état d'achèvement, et si certains sont complets, d'autres ne mentionnent pas les noms des localités ou les reliefs (par hachures, voir l'excellent article de Wikipedia sur le sujet).

En guise d'introduction au sujet, je vais commencer par présenter un compte-rendu présentant une manoeuvre sur carte à simple action (collaboratif contre un arbitre qui gère les forces ennemies).

mercredi 23 janvier 2013

Solution du 4eme problème.

Au général de la 1ere Division,
Au général de la 2nde Division,
Au général de la 1ere Division de Cavalerie,
Au général commandant l'avant-garde,

La poursuite doit être continuée demain avec la plus grande vigueur.
Dans ce but, le corps d'armée sera échelonné entre Passendorf et Schlettau de manière que l'ennemi soit rejeté par des forces supérieures dans le défilé de Halle, mais en même temps une traversée sur la rive droite de la Saale sera effectuée.

Les trois régiments de cavalerie et la batterie montée avec lesquels l'avant-garde était renforcée rejoidront cette nuit la divison de cavalerie, auquelle seront aussi confiées les deux batteries montées de la réserve d'artillerie.

Le train de pontonniers, et le détachement du génie seront pour demain attachés à la deuxième brigade d'infanterie.

Toutes les troupes concentrées à Langenbogen se donneront rendez-vous demain matin à quatre heure devant le bivouac, prêtes au départ.

Le régiment de cavalerie de la 2eme division et la 4eme brigade d'infanterie se dirigeront par Bennstedt vers Zscherben, la 3eme brigade d'infanterie par Eisdorf, et vers le sud en contournant Zscherben. Les deux brigades se formeront devant ce village. La division se déplacera à l'aube sur l'alignement Angersdorf-Königliche Braunkohlen Grube ("Kön. Brkgr."). La cavalerie divisionnaire devant l'aile gauche de la 3eme brigade.

La 2eme brigade d'infanterie, avec le train de pontonniers (en tête, sous escorte), marchera par Mittel Deutschenthal - Grosse Riister vers Schlettau. La construction des ponts commencera immédiatement à Rohrlagge, le périmètre ayant été auparavant reconnu. La brigade devra employer l'infanterie et l'artillerie nécessaire pour la réalisation.

La réserve d'artillerie suivra la 2eme brigade d'infanterie.

La division de cavalerie marchera par Ober Deutchenthal dans la direction de Beuchlitzer Weinberg, et se formera dans une position à couvert dans la vallée de Sauerbreite.

L'avant-garde couvre le déploiement de la 2eme division, se concentre avant l'aube contre Pfaffendorf, attaque vigoureusement ce village depuis l'ouest, et est supporté par la 3eme brigade depuis le sud. Nietleben sera observé par la cavalerie (deux régiments). Dès que l'ennemi cède du terrain, il doit être vigoureusement poursuivi.

J'attends des rapports complets du déroulement de ce combat au "Angersdorf
Galgen Berg
".

Dès que les ponts seront praticables la 2eme brigade d'infanterie les passe, se déplace jusqu'aux hauteurs de Wormlitz et occupe le village, les batteries à l'aile droite vers Ropzig Zgl.(Ziegelei).

Elle sera immédiatement suivie par la division de cavalerie, toujours constituée de 20 escadrons et 24 pièces montées, après déduction d'un régiment envoyé à Merseburg. La division détache immédiatement une force sur Ammendorf pour prévenir un franchissement de l'Elster par une cavalerie ennemie venue de Merseburg. Si l'ennemi est déjà en train de retraiter sur Leipzig, il doit être attaqué sans délai.

Les passages ultérieurs de la 4eme, 3eme brigades et éventuellement de l'avant-garde par le pont installé sur la Saale, j'en deciderai selon la situation sur place.

Les colonnes de munitions de l'hôpital de campagne sont dirigés vers Beuchlitz, les colonnes de vivres restent sous leur escorte actuelle derrière la Salza à Langengogen.

Au bivouac de Langenbogen, date ...

mardi 15 janvier 2013

4eme problème. 1858.

Un corps d'armée de l'Ouest (composition ci-dessous) ayant battu dans le voisinage de Eisleben un corps d'armée de l'Est, basé à Leipzig et de force équivalente, tente de rendre sa victoire décisive par une poursuite vigoureuse.




La 1ere Brigade d'Infanterie avec la batterie de 12 livres, renforcée par 16 escadrons et une batterie d'artillerie montée, est formée pour cet objectif comme avant-garde.
L'ennemi retraite par Langenboden et Schraplau sur Halle aussi bien que sur Merseburg, c'est à dire dans la première direction avec le gros de l'infanterie, l'artillerie et les trains, et dans la seconde direction avec la plus grande partie de sa cavalerie.




L'arrière-garde du corps de l'Est a offert une bonne résistance sur de fortes positions devant Bennstedt et derrière Deutschenthal, et il n'a pu être délogé qu'en soirée. L'arrière-garde de l'ennemi se retirant sur la grand-route de Halle fait néanmoins à nouveau face à Nietleben. Il reste en possession de la lande de Dolauer (Dolauer Heide, en vert sur la carte NdT), et une colonne d'infanterie est de nouveau repérée avançant de Halle vers Passendorf. Un très grand nombre de véhicules restent présents sur la route de ce côté du long défilé de la Saale.

En raison de la bonne contenance montrée par l'ennemi, et vu que l'obscurité approche, le Commandant de l'avant-garde donne l'ordre de ne pas dépasser la ligne Zscherben-Linden Berg ce jour.

Le corps principal du corps de l'Ouest est pendant ce temps arrivé à Lagenbogen, ou il installe son bivouac. Le Commandant du corps n'est pas satisfait des résultats obtenus par l'avant-garde. Il ordonne que la retraite de l'ennemi sur Merseburg ne soit suivie et observée que par un corps de cavalerie, et que toutes les forces restantes soient réunies contre le gros de l'ennemi qui se retire sur Halle.

Il demande à son chef d'état-major :

1. Un avis sur ce qui peut être entrepris le jour suivant, pour endommager l'ennemi autant que possible et l'empêcher de faire halte derrière la Saale et de se regrouper pour une nouvelle résistance derrière cet obstacle.

2. L'élaboration d'un ordre identique aux Officiers commandants pour l'exécution du plan déterminé ci-dessus. 

Le temps est clair et sec, l'aube se lève à 6 heures.


Avant-garde :
1ere brigade d'infanterie (6 bataillons + 1 bataillon de chasseurs)
1ere brigade de cavalerie (16 escadrons et 1 batterie montée de 8 pièces)
1 batterie de 12 livres (8 pièces)

Corps principal :  2eme Division
3eme et 4eme brigades d'infanterie (12 bataillons)
2 batteries de 6 livres (8 pièces chacune)
1 régiment de cavalerie de la 2eme brigade (4 escadrons).

Réserve :
2eme brigade d'infanterie (6 bataillons)

1 batterie d'artillerie de 6 livres (8 pièces)
2eme brigade de cavalerie (12 escadrons) 
 

 Réserve d'artillerie :
7 batteries d'artillerie de 8 pièces
1 détachement de pionniers

1 train de pontons
4 colonnes de munitions et de vivres 


lundi 14 janvier 2013

Solution du 3eme problème.

Le pays vallonné entre Driburg et Paderborn présente différentes zones, qui sont particulièrement convenables pour une position défensive et ne laissent pas l'ennemi libre de ses mouvements offensifs.
Pour les besoins présents cependant, seules deux zones, la ligne Bucke-Schwanei et les hauteurs au nord et au sud de Brocks Berg, doivent être considérées. Une position plus avancée dans la direction de Driburg doit être impérativement rejetée en considération du plateau fortement boisé du Egge dans son dos; une plus en retrait, c'est à dire entre Paderborn et Brocks Berg, également pour la simple raison que les zones que nous venons de mentionner sont situées devant.
Si l'on compare les deux positions en question, celle au nord et au sud de Brocks Berg est la meilleure position défensive. Un enveloppement par le nord paraît hors de question, à cause du terrain montagneux et une attaque peut uniquement avoir lieu via la grande route de Driburg. Cependant je ne pense pas qu'elle soit adaptée à notre besoin, car l'ennemi ne va pas forcer cette position. Il va la contourner par Herbran et Dörenhagen, et ainsi obliger le corps à se retirer sur Dahl et Harter Grund sans avoir même à tirer un coup de feu.

L'ennemi s'il est attaqué sur le flanc, peut se retirer derrière le "Jageser Wasser". La chaîne de hauteurs de Bucke à Schwanei avec le remblai de chemin de fer devant doit
donc être considérée comme la position principale. Côté est, l'ennemi marche du bois jusqu'au remblai de chemin de fer, et de là est obligé d'escalader des pentes raides à découvert. Au nord, la position est bordée par le terrain très vallonné de Altenbecken, au sud par le terrain marécageux commençant au 'Gefe Bruch'. L'ennemi est obligé d'attaquer cette position, si nous choisissons d'en occuper une entre Driburg et Paderborn.
Il
 sera ensuite principalement question du terrain entre Bucke et le point où les rails croissent la route de Schwanei à Neuenherse, qui ne s'étend que sur 6 km.
La force ennemie dans ce cas peut soit sélectionner la grande route de Driburg ou la route Dringenberg-Neueherse-Schwanei et les lignes de communications intermédiaires, soit plus probablement plusieurs de ces lignes en même temps. Mais dans tous les cas, il doit attaquer la position Bucke-Schwanei.
Ces villages sont espacées de seulement 3 km, ils commandent la sortie des bois à travers le remblai de chemin de fer, leurs lignes de retraite mènent par la grand-route jusqu'à Paderborn et la jonction de la grand-route avec la route de Schwanei est une position idéale pour la réserve tellement le terrain s'y prête.
On ne peut déduire de la carte si le village de Bucke en lui-même devra être occupé pour une défense obstinée ou si le point crucial de la position ne devra pas plutôt être déplacé à Schwanei avec l'artillerie sur le Lim Berg, car cela dépendra principalement de la position des rails par rapport au terrain.
L'avant-garde doit occuper avec des piquets et des sentinelles la ligne "Stell Berg"-Iburg-monastère trappiste ("Trappisten Kloster") et le "Nethen Berg", et sélectionner comme lignes de retraite la grand-route de Bucke, la route de Koch à Schwanei et celle de Neuenherse à Schwanei.

Le corps principal de l'avant-garde sera posté à Koch, au sud de la maison Heide ("Haus
Heide"), et de là être capable de contrer une avance de l'ennemi dans toutes les directions. Si l'ennemi devait progresser en plusieures colonnes, l'avant-garde devrait se diviser de même, et serait éventuellement soutenue par le corps principal.

Les hauteurs à Lackenicht, de la maison Heide, et du remblai de chemin de fer à la
jonction avec la route de Schwanei sont les positions pour la réserve de l'avant-garde.

vendredi 11 janvier 2013

3eme problème. 1858.

Une armée de l'Ouest doit s'assembler à Paderborn.
Pour couvrir cette concentration et les dépôts rassemblés à cet effet, un corps de troupes, dont la force est illustré ci-après, a monté son campement près de la "Landwehr" à l'est de la ville.

L'avant-garde ayant poussé vers Driburg reporte que l'ennemi a passé Brakel cet après-midi avec 20000 hommes et bivouaque à l'ouest de cette ville.


Un officier de l'Etat-Major reçoit l'ordre de sélectionner, entre Paderborn et Driburg, une position sur laquelle le corps de l'Ouest doit le lendemain s'opposer  à l'ennemi et accepter la bataille.

Il doit de plus, en coordination avec le commandant de l'avant-garde - et au regard du terrain choisi et des caractéristiques probables du combat du lendemain - se mettre d'accord sur les dispositions de l'avant-garde pour la nuit, et la direction de son repli sur la position du corps principal.

Un rapport pour le Commandant doit être écrit par cet officier sur ces points.
Les positions allouées aux différents corps de troupes sur l'emplacement sélectionné doivent être indiquées sur un schéma, qui doit juste prendre quelques points de la carte comme référence.

Avant-garde :
1er régiment d'infanterie (3 bataillons)
2 escadrons du 1er régiment de cavalerie
1/2 batterie de 6 livres (N°1) (4 pièces)

Corps principal :
3eme, 4eme, 5eme et 6eme régiments d'infanterie (3 bataillons chacun)
2eme et 3eme batterie de 6 livres (8 pièces chacune)
3eme régiment de cavalerie (4 escadrons chacun).

Réserve :
2eme régiment d'infanterie (3 bataillons)
2eme régiment de cavalerie (4 escadrons chacun)
2 escadrons du 1er régiment de cavalerie
1 batterie d'artillerie montée (8 pièces)
1 batterie d'artillerie de 12 livres (8 pièces)
1/2 batterie de 6 livres (N°1) (4 pièces)

Total :
18 bataillons, 12 escadrons, 5 batteries

jeudi 10 janvier 2013

Solution du 2eme problème.

La reconnaissance d'hier montre que l'ennemi se tient derrière Prüm dans une position forte mais quelque peu étendue par rapport à ses effectifs.

En plus des détachements qu'il a montré, il aura probablement un bataillon dans le Tetenbusch, et un dans la ville de Prüm; sa réserve, donc seulement approximativement 4 bataillons, 6 escadrons et 2 batteries, doit être vue derrière le Calvarien Berg, car c'est le seul point d'où elle peut supporter les deux ailes et sécuriser le défilé de Niedermehlen, si important pour sa retraite.

Le terrain rend l'aile gauche et le front de l'ennemi quasiment imprenable; l'aile droite est plus faible, car la crête de notre côté de la vallée la commande. Nieder-Prüm ne peut être conservé par l'ennemi. Niedermehlen peut être atteint de là par une route plus courte que depuis Dausfeld ou Hermespand.

Une attaque sur l'aile droite de l'ennemi barre sa route par Schönecken et Lünebach, par laquelle il peut effectuer une jonction avec l'armée de l'Ouest, et menace sa retraite par Sellerich et Malmedy.

Cette attaque mets aussi en danger nos propres communications, si elles ne peuvent être transferées sur la route de Schönecken, en tenant compte de l'avance de l'armée de l'Est vers Trier.

Les dispositions pour l'attaque doivent être basées sur ces conditions.

Avant-Garde : 2 bataillons, une troupe de cavalerie et une batterie d'obusiers.
Rendez-vous à 5 heures à l'ouest de Büdesheim. Avance pas la route de Prüm, se forme pour l'attaque de l'autre côté de la Nims, se déplace sur la hauteur à l'est de Prüm. L'Avant-Garde doit prévenir une avance de l'ennemi, retenir son aile gauche dans le Tetenbusch et la ville, et pousser immédiatement l'attaque si l'ennemi se retire de là.

Corps Principal : 6 bataillons, 2 escadrons, 2 batteries de 12 livres et 1 batterie de 6 livres. Rendez-vous au sud-ouest de Büdesheim. Marche en deux colonnes, chacune avec une faible avant-garde d'infanterie juste devant, par Fleringen et Wallersheim respectivement, vers Rommersheim. Les colonnes se forment pour l'attaque à l'ouest et au sud respectivement de cette dernière localité.
Les deux batteries de 12 livres avec un bataillon prennent position sur les hauteurs au sud-ouest de Held - tout le reste se déplace par la gorge de Ellwerath - contre Nieder-Prüm, de laquelle l'ennemi, si il l'occupe, doit être délogé. Ensuite la batterie de 6 livres se déploie sur les faibles hauteurs au sud de cet endroit, la cavalerie derrière.
 
Réserve : 4 bataillons, 9 3/4 escadrons et deux batteries. Rendez-vous au sud-ouest de Büdesheim. Suit le Corps Principal en deux colonnes et s'arrête à couvert derrière les hauteurs à l'ouest de de Rommersheim jusqu'à ce que l'attaque sur Nieder-Prüm soit décidée. Ensuite suit encore le Corps Principal, c'est à dire l'infanterie et les batteries de campagne par Nieder-Prüm, alors que la cavalerie et l'artillerie à cheval essayent de franchir la Prüm à une allure accélérée plus bas par Ellwerath.

Si le Corps Principal à réussi à déboucher de Nieder-Prüm, les batteries de 12 livres vont suivre et rejoindre la réserve.
Si l'Avant-Garde ne peut pénétrer à Prüm, elle se regroupera à Held, et occupera Nieder-Prüm.
Une attaque avec 10 bataillons, 12 escadrons et 5 batteries sur le Calvarien Berg est prévue, la cavalerie sur l'aile gauche.
Les rapports au général commandant l'opération doivent être envoyés sur les hauteurs à l'est de Nieder-Prüm, où les batteries de 12 livres sont postées.
Les Trains sont ordonnés de Gerolstein à Balesfeld.

mercredi 9 janvier 2013

2eme problème. 1858.



Une armée de l'Est poursuit l'ennemi depuis Coblenz dans la direction de Trier.
A Lützerath elle reçoit l'information qu'une division avance depuis le Maas par

Malmedy pour supporter l'armée de l'Ouest; elle détache donc de même une
division par Gerolstein, dans le but de ne pas être dérangée dans sa poursuite.

La division de l'Est a atteint Büdesheim, et de là reconnait l'ennemi derrière Prüm.


Le Tetenbusch a été repéré comme occupé.
 A l'extrémité sud de ce bois 3 bataillons et une batterie bivouaquent;
 3 bataillons supplémentaires, 2 escadrons et une batterie se tiennent entre Prüm et Nieder-Prüm, sur la pentre la plus proche du Calvarien-Berg, et une autre batterie à la sortie sud-ouest de la ville.
Les habitants déclarent avec certitude que la force de l'ennemi se compose de :
12 bataillons, 8 escadrons, 5 batteries.

Les forces de la division de l'Est sont :
12 bataillons, 12 escadrons, 6 batteries.
Décrire les dispositions pour attaquer la position ennemie derrière Prüm le jour suivant.

mardi 8 janvier 2013

Solution du 1er problème

Le passage d'une rivière comme la basse-Saale en construisant un pont ne peut être effectué en face d'un ennemi en alerte que ce soit de nuit ou de jour sans qu'il le décrouvre et n'y résiste.

Il faut forcer le passage.

Les moyens de le réaliser sont la grande force de l'attaquant, qui peut rester concentré alors que le défenseur doit se diviser, et la supériorité de la batterie de 12 livres. Il s'agit uniquement de faire porter cette supériorité au point adéquat.
Une fois que ce principe est acquis, il reste uniquement le choix entre Dröbel et Trabitz. A ces deux endroits le passage peut être forcé face à l'ennemi.

Contre le premier il y a la difficulté à avancer plus loin au-delà les pentes raides de la vallée et à travers la Bode derrière laquelle le bataillon de Bernburg peut faire sa jonction avec son corps principal à Calbe.



A Trabitz nous rencontrons d'emblée la force principale de l'ennemi, mais il n'est pas en mesure d'empécher la traversée, et encore moins d'interdire le débouché ultérieur du détachement du Sud regroupé.

D'après moi, Trabitz doit donc être choisi, 19 km depuis Cöthen par la ligne la plus directe vers Magdeburg.
Ce point est atteint avec aisance à midi.
Le passage sera effectué en 2 à 3 heures, après quoi l'attaque de l'ennemi aura lieu avec des forces réunies. Puisqu'il ne trouvera pas une section de terrain défendable, il est plus faible que nous, et menacé sur sa ligne de retraite, il sera seulement capable d'essayer de gagner assez de temps pour ramener son bataillon de Bernburg.

vendredi 4 janvier 2013

1er Problème. 1858.


L'avant-garde d'un Corps se déplaçant du Sud vers Magdeburg (au nord-ouest de la carte) a atteint Cöthen.
Il a été entendu que la garnison de Magdeburg a envoyé un détachement pour défendre la Saale.
Des informations fiables indiquent que Bernburg et le château sur la rive droite sont occupés par un bataillon, et que le pont sur la Saale est équipé de charges de démolition. Le reste du détachement de Magdeburg est stationné derrière Calbe : force : 2 bataillons, 1/2 escadron et une batterie de campagne (8 pièces de 6 livres). Tous les bacs sont échoués sur la rive éloignée, le pont de chemin de fer en dessous de Calbe est détruit.

Le commandant de l'avant-garde du corps du Sud demande à ses officiers d'état-major de rapporter :
1. Où le passage de la Saale doit être effectué le jour suivant.
2. De quelle manière les différentes troupes doivent être employées pour cette entreprise.

La Saale est large de 38 m en moyenne. Le sol des berges est dur, les digues, qui les enclosent partiellement ne mesurent que 1,2 m à 1,5 m. Le temps est clair.

Force de l'avant-garde du corps du Sud
2 bataillons
1 bataillon de fusiliers
2 escadrons
1 batterie de 8 pièces de 12 livres
1 train de pontonniers avec son complément d'ingénieurs


Présentation

Bonjour à tous,
 Je commence dans ce blog la traduction de l'ouvrage "Taktische Aufgaben" (problèmes tactiques) du comte von Molkte.
 Les problèmes ont été créés par von Molkte entre 1858 et 1882 dans le cadre de ses fonctions de chef de l'Etat-Major de l'armée prussienne, et la plupart des solutions qu'il donnait sont fournies.
 Ce genre d'exercice était connu en France à la même époque sous le nom de "manœuvres sur cartes", mais en pratique beaucoup moins mis en œuvre que le "kriegsspiel" prussien.
 Je m'appuierai beaucoup sur la traduction anglaise de Karl von Donat (1894). Les cartes et certaines corrections viennent de l'édition originale. J'essayerai de coloriser à minima les cartes pour faire ressortir les éléments principaux du problème.
 J'espère aussi pouvoir vous faire profiter dans ce blog de mes autres lectures sur le même thème et la même période.